Vain Vipers

Vain Vipers

22/03/2019

Volcano Records

Il parait que depuis que les thrasheurs ont vu The Dirt, ils se sont tous fait permanenter et arborent tous des t-shirts L.A GUNS et POISON. Cette blague innocente n’en illustre pas moins l’impact massif qu’a eu le biopic de MÖTLEY CRÜE sur le public Metal ces derniers temps, et si le film en question ne laissera pas grande trace dans la grande histoire du grand cinéma, il aura au moins eu le mérite de raviver les mémoires. Car qu’on apprécie ou pas le style des californiens, qu’on écoute ou pas leurs albums, ou qu’on ait été déçu ou pas d’apprendre qu’ils allaient faire leurs adieux, l’importance de leur musique et tout le symbolisme qui en découle n’en reste pas moins un des pôles de focalisation majeur de notre style favori. Comment en effet parler du Hard Rock des années 80 sans aborder ce qui a très sottement été désigné comme du Hair Metal - label à peu près aussi crédible que le Grunge ou le Punk - et par extension, de cette scène Pop-Hard de la fin de la décennie et ses débordements capillaires et Glam qui nous ont tant fait rire nous autres, fans de SLAYER et METALLICA. C’est d’ailleurs Dave Lombardo qui résumait le mieux la situation en regardant une photo de Tommy Lee, se demandant pourquoi l’espiègle batteur semblait ravi de porter des bas de femme sur les bras, sous entendant que sa tête était un cul…Bref, en dehors de cette boutade, ne le nions pas, extrêmes ou pas, classiques ou non, nous avons tous à un moment donné apprécié certains morceaux de TIGERTAILZ, de POISON, de MÖTLEY ou autres WRATHCHILD, et d’ailleurs, quelques-uns ont même tellement craqué qu’ils s’en souviennent encore, et que des photos peuvent en témoigner. Et c’est donc dans cette logique de devoir de mémoire que les italiens de VAIN VIPERS débarquent avec leur premier album, qui rappellera pas mal de souvenirs aux glammers d’antan.

Et l’époque n’étant pas la même, et la mondialisation musicale opérant à plein régime, ces bougres-là ne viennent ni de Californie ni même des Etats-Unis, mais bien d’Italie, Modène et Bologne pour être plus précis. Mais en écoutant le barouf dispensé par ce premier long éponyme, le doute est permis, et gageons qu’en 1986 ces animaux auraient fait un malheur dans les clubs légendaires. On les imagine d’ailleurs très bien, traînant leur carcasse dégingandée sur le Strip, à la recherche de groupies ou d’alcool bon marché, histoire de finir la soirée en beauté. Mick (chant), Wild (guitare), Scott (basse) et Aaron (batterie) se sont donc formés en 2013 sur les cendres de CRYN’ ANGELS, et ont depuis patiemment travaillé leur grand soir à la recherche du chanteur idéal, qu’ils ont fini par trouver en 2016 en le gosier de Mick. Tout ça ressemble donc méchamment à l’histoire du CRÜE, mais pas de méfiance, leur musique n’a pas grand-chose à voir avec les compos du corbeau Sixx, et se rapprochent plus de la vision contemporaine qu’on peut avoir du Glam via les prismes BLACKRAIN, THE STRUTS, RECKLESS LOVE et tant d’autres qui ont brillamment pris la relève. Forts d’une expérience de scène et d’une osmose collégiale à l’épreuve des balles, les italiens débarquent donc avec la mèche fière et le gloss en étoile de mer, et nous balancent la sauce avec une bonne dizaine de morceaux, qu’ils jugent d’ailleurs dignes de hit-singles. Et si l’argument semble hautement promotionnel, la réalité des faits donne raison à leur morgue, car chaque chanson de Vain Vipers est vraiment un tube à part entière, gorgé de mélodies sucrées, de riffs poivrés et de chœurs déchaînés.

Pour avoir une idée plus précise du breuvage sonore que les VAIN VIPERS ont concocté à leur public, mélangez dans un verre à pied un tiers de TIGERTAILZ, un tiers de LAST OF THE TEENAGE IDOLS, un tiers de THE STRUTS, et une pincée du POISON de Look What The Cat Dragged In, et vous obtiendrez un breuvage corsé au goût légèrement sirupeux, tenant en bouche mais coulant en gorge, et réchauffant l’estomac comme un hot dog avalé d’une bouchée. Plus qu’un simple album de Sleaze ou de Glam, Vain Vipers est la quintessence du Party-Metal, comme une invitation lancée par les BACKYARD BABIES à Andrew WK, et pourrait même rivaliser avec la Castafiore John Diva les soirs de pleine lune. Et pourtant, Dieu sait si les italiens ont pris le maximum de risques, en étirant leur premier LP jusqu’aux cinquante minutes, ce qui est toujours délicat dans ce créneau qui supporte mal les longueurs. Sauf que malins, les quatre musiciens ont bourré leurs morceaux à craquer, de lignes vocales festives, de soli purement Rock, d’harmonies à tomber, et que finalement, le temps passe très vite en leur compagnie. Et puis sérieusement, vous oseriez bouder des mecs capables de vous torcher des titres comme « I Hate You », « Bitch Please (Shut Up) » ou « 80's Whore » ? Moi non, parce que c’est exactement ce que ces marsouins sont, de petites catins eighties fagotées comme des travelos découvrant Eddie Cochran, mais maniant le riff à la Keith Richards. Une sorte de délire sur fond de souvenir des DOLLS, en choisissant de clairement regarder vers le passé pour le catapulter dans un présent qui en a ras le bol de la morosité. Invitation à la fête, Vain Vipers est aussi futile qu’une bulle de savon qui éclate sur un buisson, mais indispensable et inoubliable comme le premier baiser d’une première petite amie volé au détour d’un coin du lycée.    

         

Et après une longue intro aux claviers spatiaux, « I Hate You » débarque avec sa moue boudeuse et son up tempo, nous refaisant le plan des FASTER PUSSYCAT avec un volume sonore plus costaud. Pas étonnant que le trio instrumental ait patienté trois ans pour trouver le bon manieur de micro, puisque la voix de Mike, aigue et haut perchée mais au vibrato velouté sublime ces hymnes à l’adolescence, de la même façon que le timbre surréaliste de Kim Hooker transcendait « Love Bomb Baby ». Mais ce qui plaît le plus chez les VAIN VIPERS, c’est cet équilibre trouvé entre véritable Rock et délicieuse Pop, agitant le tout de textes crétins mais enthousiastes, et « Bitch Please (Shut Up) » de rencontrer les KIX lors d’une soirée donnée par les WRATHCHILD. Ça joue fort et haut en gueule, ou l’inverse, mais ça fonctionne, parce que les compositions n’ont pas été bâclées, et parce que les arrangements ont été méchamment léchés. Impossible au bout de quelques écoutes de ne pas dire à cette salope de la fermer, ou de se perdre dans les yeux de sa dulcinée (« Lost In Your Eyes »). D’ailleurs, toute la philosophie est pratiquement résumée sur l’imbécile mais irrésistible « Let's Party », aussi AOR que Glam, mais aussi Hard que Sleaze, le genre de truc qu’on n’entend plus depuis « Gina » des LAST OF THE TEENAGE IDOLS…Les inconscients osent même baptiser un de leurs chapitres « Rock 'n' Roll », ce qu’ils peuvent se permettre, et terminent leur course avec émotion via le sensible et épique « Weeping », que SKIDROW n’aurait certainement pas refusé. Un groupe finalement qui aurait pu se frotter aux meilleurs il y a trente ans, et qui en fait partie aujourd’hui, même si sa vie ne sera probablement jamais adaptée au ciné. Mais après tout, ça n’est pas très grave. Il y a des choses qui parfois, doivent restées voilées pour être mieux partagées. 


Titres de l'album :

                            1.I Hate You

                            2.Bitch Please (Shut Up)

                            3.Kissy Doll

                            4.Lost In Your Eyes

                            5.Let's Party

                            6.Reach Me In The Dark Side

                            7.80's Whore

                            8.Devil Is Waiting

                            9.Rock 'n' Roll

                            10.Weeping

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par mortne2001 le 26/05/2019 à 14:51
98 %    779

Commentaires (2) | Ajouter un commentaire


Nikkö KRAZZY
@82.122.246.44
27/05/2019, 16:28:21
Suis d'accord avec la chro. Un bon album à la croisée du Glam Metal & du Sleaze. Le groupe est prometteur et nous offre un bon album avec une prod adéquate.
Mon titre préféré reste le très 80's "Let's Party" avec son début à la talk box, sa guitare acérée et ce refrain primaire mais mémorisable immédiatement... un titre que n'auraient pas reniè TIGERTAILZ ou les petits nouveaux de LIPZ.

Buck Dancer
@80.215.107.187
27/05/2019, 18:51:15
J'ai aimé deux chansons de Motley et une de Warrant.... j'avoue.

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