Voices

Wormrot

14/10/2016

Earache Records

La pauvre Jeanne entendait Dieu lui parler dans sa tête, lui ordonnant de bouter les Anglais hors de notre pays. Cette héroïne nationale dont le symbolisme fut tristement récupéré par un parti tristement irrécupérable finit part périr sur le bucher, non sans avoir inventé au passage une des coupes de cheveux les plus improbables de l’histoire.

Que lui chantaient donc les ménestrels ? Des airs de conquête, des mélodies guerrières, ou quelques ballades aux mélodies que Céline Dion aurait pu reprendre à son compte ?

Que nenni. Le barouf répandu par ces musiciens se devait d’être à la hauteur de la réputation belligérante de la combattante de l’absolu, et gageons que le tambourin devait voir s’agiter ses clochettes à bon rythme.

Les WORMROT entendent aussi des voix, du moins c’est ce qu’ils nous affirment sur leur troisième album, mais les leurs doivent propager un message encore plus fou que celles qui torturaient la psyché de la femme coupée au bol et rôtie au vol.

Nous étions sans nouvelles de notre groupe de Singapour préféré depuis…cinq ans. Leur second longue durée, Dirge vit le jour en 2011, ce qui fait donc de WORMROT l’un des groupes extrême ayant imposé le plus long hiatus.

A tel point qu’on se demandait même s’ils n’avaient pas disparu corps et blasts dans l’inconnu asiatique…Celui qui a effectivement disparu, c’est leur batteur Fitri, qui un jour s’est tiré sans demander son reste ni envoyer le moindre texto rassurant. Mais ayant toujours connu des problèmes de line up, Arif (chant) et Rasyid (guitare) s’accommodèrent tant bien que mal de cette étrange désaffection, et débauchèrent Vijesh au kit pour continuer d’inscrire leur nom sur la stèle de la légende Grind, née je vous le rappelle il y a presque trente ans avec le séminal Scum de NAPALM, sorti sur Earache, qui s’occupe aussi de la destinée de nos héros favoris.

Cinq ans, vingt morceaux et vingt-six minutes pour rattraper le temps perdu, qui finalement sera passé assez vite. En deux albums, les Singapouriens avaient acquis une très respectable réputation dans l’underground bruitiste, mais dans cette faune surpeuplée ou les engeances grandissent plus vite que les idées, les modes passent vite et les amours d’hier deviennent l’indifférence de demain.

Qu’à cela ne tienne, le trio continue son parcours sans se préoccuper du qu’en dira-on, et avancent le bruit de leurs concepts, en signant un album certes moins sauvage que la moyenne, y compris la leur, mais terriblement accrocheur, pour peu que ce style sans compromis soit votre bol de saké favori.

L’alcool frelaté de Voices est à la hauteur de ces discussions qui hantent les pensées intimes des trois musiciens à la précision infime, plutôt fort en bouche, mais assez modéré eut égard aux standards du style et même des préceptes déjà établis par ces mêmes tarés sur leur entame de carrière dégénérée. Des espaces sont aménagés pour vous ménager, et instaurent des climats plus ou moins poisseux qui privilégient les embruns Doom vénéneux, sans pour autant perdre de vue le but initial. Vous noyer sous un tsunami de blasts, d’accélérations Crust incroyables et de hurlements porcins délectables.

Seulement, en cinq ans, WORMROT a appris à maîtriser sa furie et à singer les meilleurs tics des références du genre. La folie est toujours là, et vous prend en traître par ses fulgurantes montées dans les G, et finalement, Voices fait sonner le groupe de Singapour comme un karaoké géant aux micros partagés par NAPALM DEATH, THE KILL et BRUTAL TRUTH, bien entamés par les vapeurs de la soirée.

Bon après je vais vous la faire courte, parce qu’après tout, vous avez compris le truc depuis longtemps. Cinq ans depuis Dirge, mais Voices aurait tout aussi bien pu sortir en 2012 puisque les WORMROT n’ont pas changé d’un iota leur formule toujours aussi lapidaire. Toujours cette sympathique alternance entre bourrasques de blasts et up tempi Crust de palace, ça charcle dans tous les coins mais ça reste malin. Plus fou qu’un Make ‘em Suffer de THE KILL et moins malsain qu’un Endtime de BRUTAL TRUTH, et finalement pile entre les deux, Voices accumule les morceaux de bravoure et démontre que les Singapouriens sont toujours prophètes en leur pays, sans forcer, juste en laissant leur nature sauvage parler.

Tout ça est de l’excellent Crust Grind, doté d’un son bien épais, le changement de cogneur ne change justement pas grand-chose, et le ballet outrancier se termine dans une débauche de lourdeur oppressante avec un « Outworn » qui après une entame apocalyptique limite Goregrind, tombe dans l’Induscore presque Doom très dérangeant et secoué de vocaux stridents qui écorchent les oreilles.

Avec un truc pareil dans les votres, il est fort probable que quelques siècles en arrière, on vous eut coupé les tifs façon écumoire et envoyé sur une pile de bois pour vous cramer.

 Mais après tout, flamber avec Voices dans les canaux est une façon comme une autre de passer de vie à trépas. L’objet en question est disponible via les Anglais (encore eux…) d’Earache en version CD et vinyle, et comme c’est bientôt Noël, ne gâchez pas l’occasion d’offrir une belle rondelle à toute la maison.

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 19/10/2016 à 15:19
70 %    744

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Tanguy T H I N K
@88.162.255.99
19/10/2016, 23:47:00
Pur album de GRIND si vous aimez le genre vous ne serez certainement pas déçus !!! classe

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