Void Of Infinite Horror

Vessel Of Iniquity

25/01/2019

Sentient Ruin Laboratories

Je pense sérieusement à dénoncer un jour les responsables de Sentient Ruin pour cause de manque d’empathie flagrant. Les traduire devant un tribunal civil ou militaire pour les juger de hauts faits de trahison musicale eut égard aux souffrances qu’ils nous auront fait subir depuis leur création à Oakland. Et sans aller jusqu’à recenser toutes les abominations qu’ils ont répandues sur un monde déjà à l’agonie, on pourra placer quelques noms dans le réquisitoire de l’accusation, pour apporter les preuves formelles de leur vilénie. Moi qui suis depuis quelques années leurs exactions de production, je peux affirmer qu’ils ont laissé leur porte ouverte aux formations les moins tolérables de l’histoire, avec une morgue le confinant à la défiance la plus absolue. C’est simple, plus vous faites de bruit, plus vous êtes laid, plus vous êtes méchant et agressif, plus vous avez de chances d’intégrer leur écurie de l’horreur, ce que prouve une fois de plus la sortie du premier LP du projet VESSEL OF INIQUITY, qui ne s’inscrira certainement pas dans la marge de leurs distributions les plus accessibles. Mais qu’attendre d’autre de la part d’un label américain ayant par le passé osé lâcher sur le marché des abominations de la trempe de VERMIN WOMB, SHOW OF BEDLAM, NECROT, PETRIFICATION, ATRAMENT et autres VOID ROT ? Pas grand-chose, sinon une solide dose de misanthropie, augmentée d’une quantité non négligeable de souffrance pour l’auditeur éventuel. Et cette nouvelle offrande ne contredira certainement pas leurs dogmes les plus fondamentaux, puisque de l’Oxfordshire, sud-est de l’Angleterre surgit une nouvelle créature innommable, dont les seules obsessions sont de repousser les limites d’un Black Metal qui n’admet déjà que très peu de contraintes.  

Fondé en 2015, le one-man project VESSEL OF INIQUITY fut déjà responsable d’une entame en version courte en 2016, via un éponyme qui posait les jalons d’une exploration des recoins les plus sombres de l’âme humaine. Aujourd’hui, animé des mêmes mauvaises intentions, ce musicien solitaire pousse l’effort de quelques minutes pour accentuer les points les plus nuisibles de sa musique, et nous proposer via Void Of Infinite Horror un voyage aux confins du non-sens harmonique, réfutant tout principe de musicalité pour s’enfermer dans un donjon de torture dont seuls les plus aguerris tenteront de franchir les lourdes portes. Pour les néophytes et les esprits purs ne connaissant pas encore la bête, ce concept est né du cerveau dérangé de S.P White, poly-instrumentiste émergeant des abysses de l’enfer, et s’impliquant aussi dans diverses formations toutes moins complaisantes les unes que les autres, comme AN AUDIENCE OF NONE, ANATTA, DYNAMICAL SYSTEM COLLECTIVE, EDGE OF DARKNESS, ou THE NULL COLLECTIVE. Dans chaque cas de figure, notre ami anglais est seul à la barre, et je le vois mal partager les responsabilités à l’écoute de ce pamphlet entièrement tourné vers une distorsion du bruit à l’extrême, pour se rapprocher des entités les plus néfastes du circuit. D’ailleurs, son label dérangé n’hésite pas à l’acoquiner avec des excroissances aussi infâmes que GNAW THEIR TONGUES, TETRAGRAMMICIDE, SUTEKH HEXEN, ou TEITANBLOOD, allant même jusqu’à coucher sur papier le nom imprononçable d’ABRUPTUM, ce qui en dit long sur le contenu de ce second LP trop bref pour être désigné comme tel.

Cinq morceaux, pour moins de vingt-cinq minutes de chaos, c’est largement suffisant pour jauger du potentiel d’un concept qui défie la gravité pour nous catapulter vers une étoile noire. Cinq chapitres qui prônent tous plus ou moins les mêmes valeurs, celle d’un BM trempé dans la lave dérangeante de l’expérimental bruitiste, cette même fontaine en geyser près de laquelle Mories va souvent étancher sa soif d’ignominie pour continuer de produire des œuvres à la dimension cauchemardesque. Et c’est d’ailleurs le parallèle le plus intéressant à dresser en partant du constat Void Of Infinite Horror, qui s’échine à mériter son titre à chaque seconde, en exceptant une outro en forme d’Ambient plus posé. Mais il est tout à fait rationnel de craindre pour la santé mentale d’un musicien qui débute son second chapitre par une déclaration de folie de la trempe de « Invocation of the Heart Girt With a Serpent », qui de ses blasts incessants, de ses arrangements de crypte hantée et de son chant indiscernable et sous-mixé évoque les crises les moins pardonnables de GNAW THEIR TONGUES, tout autant que la catharsis d’un instrumentiste décidément peu à l’aise avec les convenances harmoniques. Aussi bruyant qu’un cataclysme sismique peut l’être, ce premier morceau place la barre très haute (ou basse selon les points de vue), et développe des arguments vénéneux de guitares gravissimes, dont l’emphase est encore plus exagérée sur la suite « Babalon ». On se retrouve plongé dans un magma de lourdeur excessive, de guitares qui ne tolèrent que les inflexions les plus profondes, et de soudaines accélérations qui brisent les cervicales, pour un ballet d’horreur incroyablement dense, mais paradoxalement aussi réfléchi que viscéral. Car aussi excessive soit l’approche de S.P White, il ne nous prend pas pour de vulgaire adorateurs du veau d’or en agençant sa musique pour la rendre compréhensible, et en maniant le chaos avec une dextérité incroyable.

Et appuyé par une production absolument énorme, le musicien s’en donne à cœur noir de joie, et convoque une horde de démons aux agapes de l’apocalypse. Et plus on avance dans le marigot de ses tendances noires comme la mort, plus on s’empêtre dans un marais poisseux de haine, de ressenti et de misanthropie, la « musique » prenant des atours de moins en moins recommandables, et s’enfermant dans une lourdeur véritablement oppressante. Ainsi, le title-track développe des arguments assourdissants, adaptant l’ignominie d’un ABRUPTUM pour la traduire dans un langage cryptique capté au fond d’une caverne par un matériel pointu et moderne, et réconcilie l’Horror-Ambient des IN SLAUGHTER NATIVES et de LUSTMORD avec le Noisy BM le moins supportable. Et aussi difficile d’accès soit cette approche artistique, elle fonctionne à un niveau hypnotique assez troublant, puisqu’elle refuse les convenances du BM le plus lo-fi et déviant, pour au contraire creuser les bases. Les morceaux sont structurés et ne sont pas de simples défouloirs, le compositeur a des capacités, et les exploite, et finalement, on se retrouve captivé par cette odyssée aux frontières de l’horreur, qui nous renvoie une image de nous-même en tant que voyeurs très peu flatteuse, mais terriblement réaliste. Une traduction littérale du marasme dans lequel l’humanité est plongée, et plus concrètement, l’un des albums de BM noisy les plus pertinents, à cent lieues des caprices instantanés de formations toutes plus nulles et anecdotiquement risibles les unes que les autres.            


Titres de l'album :

                         1. Invocation of the Heart Girt With a Serpent

                         2. Babalon

                         3. Void of Infinite Sorrow

                         4. Mother of Abomination

                         5. Once More Into the Abyss

Facebook officiel

Bandcamp officiel 


par mortne2001 le 01/03/2019 à 16:34
80 %    587

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45