Europe a bercé ma jeunesse ! Entre 2 bons gros méfaits de grind pur gras, je continue d'écouter régulièrement leur 3 premiers albums ! J'étais trop jeune pour assister à la tournée Final Countdown en 1986, alors forcément, 30 ans après, fallait pas que je rate ça !

Si physiquement, la nature m'a calmé d'entrée de toute ambition à ce niveau, c'est musicaux que je les aime, les grands écarts.

Ainsi fin octobre, je me suis fait glacer la gueule par Aosoth et soufflé dans l'fion par Angelcorpse et ce soir c'est Europe que je vais voir. Europe c'est ma jeunesse, ma madeleine de Proust, le premier groupe que ma cousine, hardeuse (la musique... pervers !) chevronnée m'a fait découvrir... avant que mes copains de bahut - drogués aux Bérus - ne moquent mes goûts musicaux orientés vers la tignasse permanentée. Malgré tout, en cachette, je continuais à m'adonner secrètement à ces plaisirs (les albums d'Europe... pervers !) que la cruauté juvénile d'une bande boutonneuse avait jugée indignes...

Par la suite j'ai découvert d'autres subtilités comme Cannibal Corpse et Immortal, mais j'ai toujours gardé une sympathie pour les Suédois qui affirmait dans les colonnes de Hard Rock Magazine préférer aller au Bains Douches que voir Slayer... (Et moi comme la truffe que j'étais, de les imaginer, une serviette autour de la taille à faire leurs ablutions)... Alors quand les pépés ringards ont voulu faire une tournée d'adieu il y a quelques années (2010 de mémoire), je me suis laissé convaincre pour voir ce que ça pouvait donner et glaner quelques mélodies qui m'ont émoustillé voilà 25 ans. Le concert fut simplement génial ! La salle était comble et en fusion ! Je revois Jojo la tempête se demander par quel miracle il recevait un tel accueil ! Et oui ma bonne dame, c'est l'époque où les has been sont devenus cultes (WASP au Hellfest idem par exemple)... Depuis, pour exploiter le filon, on a inventé un nouveau truc : les albums anniversary tour ! Tu la sens bien l'arnaque marketing ? Un groupe qui a fait un bon album y'a 30 ans trouve le moyen de refaire du pognon avec ! D'autant qu'il n'est plus out le groupe, mais culte ! Ca change tout, surtout les prix des billets ! Pas con, hein ? Y'en a qui se lèvent tôt pour trouver ces bonnes idées !

Bref, Final Countdown, c'est pas mon préféré... et en termes de morceaux, je lui préfère amplement "Rock the night" ou sa face B de l'époque : "On Broken Wings". Et puis, j'ai réécouté The Final Countdown (l'album) et me suis rendu compte que je le connaissais par coeur, notamment les paroles (surtout en yaourt...). Alors, j'ai braqué une banque et j'ai acheté ma place.

Les bouchons, les travaux, Paris, tout ça = premier groupe raté... désolé !

Après quelques minutes d'attente, la salle s'éteint et 2 énormes écrans prennent le relais, nous diffusant une sorte de clip qui vante la soirée avec un album culte, moult effets spéciaux (sur l'écran) et des messages : "Final countdown", "machine à remonter le temps", "expérience unique", bla bla bla... MAIS AVANT, ce même message nous informait, bande de veinards que nous sommes, que le groupe allait jouer son dernier album en intégralité... Juste histoire d'essayer d'écouler un peu du stock du stock d'invendus qui doit se compter par palettes entières vu la qualité du-dit album... trop gros pour être honnête comme démarche ! Le groupe se pointe dans ce nuage d'incompréhension et accueillit par quelques applaudissements polis que l'impression de se faire enfumer sauvage étouffe rapidement. Le groupe démarre avec un premier morceau de ce War of Kings que personne ne semble connaître et dont tout le monde semble se foutre éperdument... Puis un second morceau, un troisième... même effet de "c'est quand que ça se finit et qu'on passe enfin au vrai truc ?". C'est la première fois que je vois un groupe faire sa propre première partie ! Le sentiment de se faire méga chier est également partagé puisque les musiciens ne bougent pas, ne nous décochent pas un regard à nous, pauvres pigeons qui avons payé bien chère cette mascarade ! Seul Jojo la brise marine enchaîne les postures de posers dont il a le secret. Mais il surjoue le pauvre, il en fait des caisse et entre un Leven aussi immobile qu'une statue grecque et un Norum qui se camoufle dans l'ombre, la scène semble bien grande et bien vide...

Même le morceau instru est d'une platitude indigne, bien qu'enfin, le père Norum aura l'obligeance de se baisser pour voir si on s'était pas tous barrés ou endormis et nous décrochera une grimace pour nous faire comprendre que lui aussi aurait bien voulu éviter ce naufrage...

Bon, les morceaux s'enchaînent sans qu'il ne se passe quoi que ce soit dans la fosse, les gradins ou la scène... Seuls les jolis lights de l'Olympia tirent leur épingle du jeu...

Europe finit cette partie de leur show par un War of Kings musicalement plus intéressant que le reste. Dommage cette heure perdue, alors que le son est excellent. On distingue tous les instruments (même la basse) sans que les fréquences ne se marchent dessus ! Top, j'ai rarement entendu ça, dommage que ce soit pour nous servir cette soupe tiédasse...

War of kings est terminé. Bien, ce pourquoi on est tous là va-t-il enfin avoir lieu ? Le profond ennui de cette heure passée n'aura-t-elle pas tuée dans l'oeuf tout possibilité d'apprécier la suite à sa juste valeur ?

Autant vous le dire, je suis inquiet que la mayo ne prenne jamais... Bon... pas longtemps, 3 notes de claviers de l'intro de "The final countdown" et c'est parti, l'Olympia manque d'exploser... Bon, là c'est confirmé, rien à foutre de War of trucs, tout le monde est là pour The Final Countdown... et bizarrement, devant une telle réaction, le groupe reprend espoir de pas devoir se finir à la main... Le public chante, crie, danse, bouge, le groupe se donne enfin, les sourires reviennent et Jojo la tramontane n'est plus le chanteur lourdingue du début mais redevient comme par enchantement l'excellent frontman qu'il fut et est toujours... Rock the night déboule ensuite sans nous laisser le temps de souffler et son refrain hyper entraînant est repris en coeur par tout l'Olympia. La jolie balade qu'est Carrie ramène sa fraise (mouais...), ça calme un peu tout le monde, mais je suis pas sûr qu'on n'aurait tenu encore longtemps sur le ryhtme imposé par les 2 précédentes bombes... A partir de ce moment, la salle se divise en 2 : les die hards qui connaissent même Danger on the track et ceux qui n'avaient que le single et découvrent peut être que c'est aussi une excellent chanson ! La folie est un peu retombée dans le public, mais c'est pas grave. Ca fait tellement plaisir d'entendre ces perles que sont Ninja et Cherokee que si tout le monde n'est pas complètement dans le délire, et ben on s'en fout ! Maintenant ça joue et ça fait pas semblant. Norum assure ses solos avec classe et brio, Jojo le zéphyr a déboutonné la chemise qui lui tient un peu chaud et enchaîne les tours de pieds de micro, bref on kiffe. Le souci c'est que maintenant ça passe vraiment trop vite ! Time has come, Heart of stone sont tout aussi cultes... pas le temps de souffler puisque On the loose pointe le bout de son riff... "On the loose, so young, so tough, so wild... On the loose again !" Que c'est bon mes aïeux ! Dommage que ce soit si court... Love Chaser clôt l'album et la set list... Le groupe finit son set avec quelques notes de The Final Countdown dans une salle en ébullition... 45 minutes ont passé à la vitesse d'un solo de John Norum...

Au final, je suis ravi d'avoir pu assister à l'exécution live d'un album qui a bercé ma lointaine jeunesse, même si une vieille remontée acide provoquée par le manque de sincérité de la démarche se manifeste pour me rappeler que je suis tout de même une sacrée bonne grosse vache à lait...