Arctic Thunder

Darkthrone

23/09/2016

Peaceville Records

Lorsqu’on aborde le cas d’un groupe connu et reconnu, la tâche s’avère ardue. Alors ne comptez pas sur moi pour endosser le costume d’hagiographe ce matin, je trouve le rôle pesant, et qui plus est, je serais bien à mal d’en assumer la responsabilité.

Pas facile de s’attaquer au monolithe qu’est devenu DARKTHRONE au fil des années. Après tout, ils ont fait partie de la première fournée de groupes Norvégiens à répandre la mauvaise parole d’un BM très raw, et je dois reconnaître que j’ai toujours voué un culte déraisonnable à leurs premiers efforts. Je porte en très haute estime des pamphlets comme Panzerfaust, A Blaze In The Northen Sky et Under a Funeral Moon, et j’ai même dans ma prime jeunesse fait virevolter ma tignasse au doux son de « Cromlech », alors même que les maîtres des ténèbres se complaisaient encore dans un Death très agressif et minimaliste.

Mais arrêtons là le cours d’histoire et les divagations personnelles. Tout ça plante le décor, mais n’intéresse personne. Parlons plutôt d’un sujet brûlant, du retour d’enfants plus si prodigues que ça, deux collègues qui finalement se sont dit que le passé avait parfois de quoi nourrir l’avenir.

The Underground Resistance montrait déjà des signes avant-coureurs. Ce quinzième album avait ravivé bien des passions que les errances NWOBHM mâtinées de Punk bon marché avaient éteintes, et l’axe Nocturno Culto/Fenriz semblait cacher une anguille sous la roche. Quant à savoir de quel côté elle allait glisser, là était la question.

On pensait le concept usé, incapable de s’extirper d’une léthargie confortable, mais nous n’aurions pas pu plus nous tromper.

Alors oui, DARKTHRONE s’est faufilé discrètement vers ses origines pour tenter de retrouver cette flamme vacillante et menaçante qui éclairait les ténèbres de leurs premières ballades dans les cryptes de leur âme. Exit les facilités et automatismes un peu trop Rock N’Black de leur période 2000, back to the roots, et ces racines mènent toutes vers un arbre sec, aux branches décharnées, qui pourrait être celui ayant poussé sur le sol Norvégien du début des années 90. Surpris ?

Vous ne devriez pas.

Pour parvenir à un résultat probant et sincère, les deux comparses n’ont reculé devant aucune forme de probité et d’éthique. Ils ont conçu l’album « à l’ancienne », en répétant et enregistrant dans leur vieille tanière The Bomb Shelter, dont ils foulaient le sol au crépuscule des années 80, et ont une fois encore confié les brides du son à Jack Control, solidement planté devant les portes des studios Enormous Door. Mais la plus grande « innovation » en soi, reste l’implication intégrale de Nocturno Culto au chant, qui s’occupe de toutes les parties vocales, idée encore inconcevable il y a quelques années, et dont le résultat nous ramène une poignée de tours d’aiguille en arrière. En lisant ces lignes, tout commence à se dessiner dans votre cerveau, et les interrogations se nouent.           

Désirez-vous des réponses ? Oui et Arctic Thunder vous les prodiguera sans détour. Mais je peux lever quelques lièvres pour vous.     

Alors non, DARKTHRONE n’est pas redevenu le monstre minimaliste de ses premiers efforts. Pas de « The Hordes Of Nebulah » à tenter de débusquer dans les sillons de ce seizième LP, mais l’esprit est indubitablement plus sombre et ténébreux qu’à l’accoutumée.

Le son n’est pas non plus réduit à la portion congrue d’un rachitisme décibellique underground, et bénéficie toujours de ce traitement ample, qui justement, sert à merveille des compositions compactes et nihilistes, mais pas en forme d’impasse harmonique.

En résumé, Arctic Thunder peut se poser en lien manquent entre les deux parties de carrière du groupe. Et un titre comme « Inbred Vermin » vous en donnera les tenants et aboutissants mieux que n’importe quel discours.

Nocturno Culto semble à l’aise avec son rôle de leader vocal impromptu, et lâche même quelques riffs bien accrocheurs qui rapprochent le duo de son influence majeure HELLHAMMER/CELTIC FROST (« Arctic Thunder » et son lick hautement mémorisable posé sur un mid tempo entraînant mais pas lénifiant). Avec cette nouvelle étape, Nocturno et Fenriz vous proposent un joli survol de carrière en forme de nouveauté, et ne se contentent pas de puiser dans leur lourd héritage pour faire semblant d’avancer. Inutile de traquer la redite ou les allusions un peu trop flagrantes, il n’y en a pas.

Juste de nouveaux morceaux qui sans refuser l’évolution, la font muter pour qu’elle rejoigne les origines sans trop refuser de grandir.

D’un tempo général plutôt lent et de parties de guitares lancinantes et majestueuses dans leur ton, les DARKTHRONE ont construit une vraie cathédrale sonore qui tient plus de l’autel dressé en pleine forêt Norvégienne que de la bâtisse du 13ème siècle en bois prête à se consumer. L’essence nordique des séminales 90’s est presque revenu à la surface, à tel point que le trip est parfois bluffant d’authenticité, comme à l’occasion de ce cauchemardesque « Throw Me Through The Marshes », qu’on penserait exhumé des bandes ayant donné naissance à Apocalyptic Raids.

En guise de synthèse, référez-vous à la superbe pochette qui finalement, décrit mieux que n’importe quelle homélie les sillons de ce nouvel album de l’improbable duo. La nuit, les flammes, la Norvège, tout est décrit avec justesse, de la même façon que « Boreal Fiends » parvient à associer la beauté d’une mélodie glacée à la puissance écrasante du BM le plus abrasif.

Et si « The Wyoming Distance » reprend une fois de plus à son compte les tics si particuliers de Tom Warrior, c’est pour mieux saluer de loin les instigateurs de toute cette vague gelée qui un jour figea les côtes Nordiques par la Suisse interposée.

Je ne pensais pas me repencher un jour sur les cas de Fenriz et Nocturno, après les diverses déconvenues écœurantes de leurs délires Rock N’Roll. Mais l’instinct a pris le dessus, et Arctic Thunder a dissipé les derniers doutes.

 Les vrais seigneurs du chaos sont de retour, et leur pèlerinage n’a rien de rassurant. Ecoutez-les rire à la fin de l’album. Leur détachement en dit long sur leur assurance. Mais il n’y en a aucune qui vous protègera de la rigueur du blizzard.


Titres de l'album:

  1. Tundra Leech
  2. Burial Bliss
  3. Boreal Fiends
  4. Inbred Vermin
  5. Arctic Thunder
  6. Throw Me Through the Marshes
  7. Deep Lake Tresspass
  8. The Wyoming Distance

Facebook officiel


par mortne2001 le 16/10/2016 à 08:00
90 %    838

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Sydz
@80.236.86.244
16/10/2016, 10:56:01
La chronique et le morceau en écoute donnent envie de se replonger dans la disco de ce groupe que j'ai laissé de coté à la moitié des années 2000 en raison des trop nombreuses sorties et de leur virage un peu punk qui me convenait pas totalement.

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45