Dukes of the Orient

Dukes Of The Orient

23/02/2018

Frontiers Records

Nous avions déjà les Dukes of Hazard, et General Lee, leur Dodge Charger de 1969, Daisy et ses formes affriolantes, nous avons aujourd’hui les DUKES OF THE ORIENT, leur carrière, leur premier album, et leurs arabesques progressives teintées d’AOR subtil. La comparaison n’est pas forcément la plus pertinente possible, et pourtant, c’est bien deux hommes que nous retrouvons aux commandes de ce projet, comme Bo et Luke conduisaient leur bolide pour nuire au shérif et lui faire peur…De leur côté, John Payne (ex-ASIA, GPS) et Erik Norlander (LAST IN LINE, LANA LANE), préfèrent nous séduire de leurs harmonies riches, et capitaliser sur leur glorieux passé pour aborder un avenir en leur propre nom, après avoir bourlingué sous d’autres pavillons. On connaît bien sur les aventures d’antan de John Payne, ex-ASIA officiel et ex-leader des dissidents ASIA featuring John Payne, et c’est avec un grand plaisir qu’on le retrouve ici, partageant la vedette du claviériste surdoué Erik Norlander. Pour autant, et si les points communs entre ASIA et les DUKES OF THE ORIENT sont nombreux, ce nouveau concept possède aussi son identité propre, et marie avec plus ou moins de bonheur l’option progressive si chère à Erik, et les opinions mélodiques et radiophoniques auxquelles John tient tant. C’est cette complémentarité qui permet à ce premier album de révéler plusieurs visages et d’aborder de nombreux rivages, même si l’effet pomp qu’ASIA a prôné pendant des années n’a pas complètement disparu, et aura de quoi rebuter les plus exigeants des fans de Progressif pur et dur. Mais face au pedigree de musiciens aussi réputés, les aprioris ne survivront pas longtemps pour les plus tolérants, qui s’inclineront face à la qualité d’une musique qui toutefois ne nous épargne pas quelques bâillements, de la même façon que SAGA avait parfois le don de nous pousser dans les bras de Morphée à force d’éviter la confrontation de front et préférant les chemins biaisés et parfois un peu…niaiseux.

Alors autant jouer la franchise, et prévenir d’emblée le public susceptible de s’intéresser à ce premier effort. Il ne s’agit pas à proprement parler de Hard-Rock, mais plus d’une forme très étudiée de Rock Progressif, parfois légèrement hargneux, mais la plupart du temps méchamment sentimental, un peu carte de Saint-Valentin qui oublie de ses bonnes manières qu’un bon coup de rein peut être salutaire. Et il est aussi évident que les fondus de SAGA, de IQ, d ELP se sentiront les plus concernés, quoique les compositions fassent parfois plus volontiers preuve d’un lyrisme de surface exacerbé que d’une réelle volonté de créativité. Ainsi, un morceau comme « Amor Vincit Omnia » ne manquera pas de crisper ceux qui pensent que dans le Rock, la guitare est reine, en se restreignant à une ligne de clavier omniprésente et à des vocaux emphatiques dignes d’un amphithéâtre romain durant des jeux, ou d’une cathédrale durant un office. C’est certes très beau, mais le tout manque un peu de saveur, malgré des arrangements léchés, et le doigté incomparable de Norlander qui caresse ses touches avec beaucoup de délicatesse. Le mot est lâché, et c’est bien cette caractéristique un peu trop systématique qui vient gâcher les plus beaux efforts de Dukes Of The Orient, qui se montre un peu plus convaincant lorsqu’il aborde un virage AOR très prononcé. Ainsi, le très accrocheur « Time Waits For No One » se montre très séduisant sous ses atours FM typiques des années 80, et ce, malgré un mixage un peu défaillant qui ne place pas tous les instrumentistes au même niveau. On en vient même à traquer la moindre intervention de guitare, tant celle-ci souffre d’avoir été enterrée sous les couches de voix et de clavier, malgré quelques avancées en solo qui méritent d’être notées. Notons aussi que nos deux leaders se retrouvent accompagnés pour l’occasion d’une belle brochette d’instrumentistes, dont Jeff Kollman, Guthrie Govan, Moni Scaria et Bruce Bouillet aux guitares et Jay Schellen à la batterie, John prenant en charge les parties de basse et quelques plans rythmiques de six-cordes, ainsi que le chant.

Comment expliquer alors que la magie n’opère que par intermittence, avec un casting pareil ? Certainement parce que le projet est handicapé par sa nature même. Entamé il y a plus de dix ans comme la continuité de la mouture Payne d’ASIA, il ne s’est transformé en son incarnation actuelle qu’à la mort du regretté John Wetton, chanteur originel du groupe. Et par respect, et pour ne pas semer la confusion dans l’esprit des fans de l’incarnation Geoff Downes du combo, John a préféré couper les ponts patronymiques, mais pas forcément les liaisons artistiques…Il n’est donc pas étonnant de retrouver dans ce premier album les ingrédients qui rendaient ASIA si unique pour ses suiveurs, mais aussi si pénible pour ses détracteurs…Et même si quelques morceaux parviennent à jouer à jeu égal celui du progressif synthétique et du Rock FM dramatique, la balle se retrouve souvent coincée entre les deux camps, ne sachant pas très bien choisir dans quel but s’incruster. Dès lors, le projet tourne un peu à vide, mélangeant les inspirations pour peiner à trouver la sienne, et s’auto-datant de lui-même comme le démontre maladroitement « A Sorrow’s Crown », qui sonne comme un leftover des SURVIVOR ou de STYX, perdu dans les couloirs du temps…Les morceaux les plus longs ne sont pas non plus les plus fascinants, même si le coté TOTO très prononcé de « Fourth Of July » en fait l’un des hauts faits d’un album assez moyen, mais une fois de plus handicapé par un son de clavier très difficile à supporter…

Les fans de John Payne le retrouveront toutefois en grande forme vocale, et reconnaitront même sa grandeur passée lorsque « Seasons Will Change » au doux parfum 80’s viendra leur chatouiller les tympans. Les trois derniers chapitres de ce premier ouvrage abandonnent d’ailleurs totalement toute mesure en se permettant des timings méchamment étirés, et le final homérique de « Give Another Reason » piétine même les dix minutes pour imposer son dramatisme de rigueur. Pourtant, avec sa tendresse exacerbée, et ses lignes de guitare travaillées qui s’envolent vers un ailleurs beaucoup moins embrumé, il reste une conclusion qui tire les précédentes occurrences vers le haut, permettant à Dukes Of The Orient d’éviter l’écueil de l’accident industriel pompeux. D’une construction en évolution, et d’une ambiance synthétique persuasive, cet épilogue nous convainc de son up tempo dansant, et de son chant qui abandonne enfin ses accents larmoyants pour tenter une approche plus nuancée, et nous laisser sur une impression bien plus pertinente. Mais malgré cette fin ouverte laissant à croire que tout est encore possible, l’heure passée en compagnie des DUKES OF THE ORIENT laisse des traces, et ne se montre pas vraiment à la hauteur des musiciens impliqués. Ou plutôt si, selon quelques esprits chagrins, qui souligneront qu’ASIA n’a jamais eu sa place dans les colonnes d’un magazine de Rock. Je serais tenté de les rejoindre pour une fois, sur ce point de vue là…     


Titres de l'album:

  1. Brother In Arms
  2. Strange Days
  3. Amor Vincit Omnia
  4. Time Waits For No One
  5. A Sorrox's Crown
  6. Fourth Of July
  7. Seasons Will Change
  8. Give Another Reason

Site officiel


                  

par mortne2001 le 26/02/2018 à 18:39
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