Sem Concessoes

Tosco

20/08/2021

Autoproduction

Tiens, fane de carotte et branche de persil, encore des thrasheurs qui viennent du Brésil. Décidément le pays met le paquet depuis quelques mois pour rappeler qu’il fut l’un des fondateurs du style à presque égalité avec les Etats-Unis et l’Allemagne, et aujourd’hui, ce sont quatre défenseurs de l’art Crossover qui s’en viennent à nous avec leur premier LP. Pas grand-chose à vous raconter sur les TOSCO, qui de leur page Facebook ne nous apprennent pas grand-chose, mais autant dire que leur premier effort suinte de violence Thrash et de méchanceté Hardcore par tous les pores, et qu’il aborde des thèmes de société cruciaux. Fondé en 2017, ce collectif d’énervés avoue une passion pour le Metal torride des années 80, et n’hésite pas à citer SLAYER, SABBATH, D.R.I. et EXODUS pour situer sa démarche. Et flanqué d’une superbe pochette signée de la main de Felipe Ruiz Cintra (qui a déjà prêté ses talents à WORST et EVIL MINDS), Sem Concessoes est en effet un LP sans concessions, qui redonne ses lettres de noblesse à cette fusion entre Thrash et Hardcore, sans vraiment choisir son camp, mais en penchant légèrement d’un des deux côtés. En effet, avec la voix très rauque et le timbre vindicatif d'Osvaldo Fernandez, TOSCO semble glisser du côté Hardcore où il risque de tomber, mais heureusement pour nous, la guitare de Ricardo Lima assure l’épaisseur naturelle d’un Thrash très métallique, qui n’oublie pas les grandes figures internationales, mais qui n’oublie pas non plus l’importance du SEPULTURA de transition. Une croisée des chemins donc, pour un effort très solide, vindicatif, pugnace, et qui se concentre sur les aspects les plus néfastes de notre société, dont les inégalités évidemment, mais aussi les violences domestiques, les viols par médecin interposé, et autres joyeusetés qui transforment notre quotidien en manchette de journal à sensations.

Musicalement, l’entreprise est d’une solidité à toute épreuve. En ayant opté pour un chant en portugais, les brésiliens se distinguent de la masse anglophone, et possèdent cette patine propre qui leur permet de se différencier de la plèbe routinière. Et la puissance de feu du groupe ne tarde pas à s’exprimer, puisque « Dia de Decisão », après son intro de foule en délire balance la sauce comme une manif les slogans revanchards. Rythmique à fond les ballons, guitare qui suit comme elle peut, on nage en plein délire Thrashcore avant que la stabilité ne reprenne ses droits et que le Hardcore lusophone ne dicte ses conditions. On pense alors à la vague Hardcore hispanique des années 90, mais aussi à la mouvance Thrashcore américaine des années 80, sans que le groupe ne sonne passéiste ou trop connoté. Alternant avec flair les mouvements rapides et les guerres de tranchées, les brésiliens nous offrent une mise en jambes pleine d’énergie, et placent leur premier LP sous des auspices de combat permanent contre la société et les inégalités qui la régissent. « Legado de Merda » continue sur la même lancée, et montre le visage d’un groupe méchamment en place rythmiquement, qui appuie là où ça fait mal, et qui se montre aussi épais que véloce. Le chant d'Osvaldo pourra paraître monocorde à quelques thrasheurs plus habitués aux gosiers graves, mais les accélérations purement Hardcore permettront d’oublier rapidement ce grief somme toute mineur. D’autant que Ricardo Lima a trouvé l’acolyte bassiste parfait en la personne d'Ivan Pellicciotti qui fait ronfler et claquer son instrument comme Frank Bello ou Dan Lilker, les deux dépositaires du son rond qui fait trembler les enceintes. Evidemment, les chœurs sont tous emprunts de cette Hargnecore qu’on trouvait déjà chez les AGNOSTIC ou les YOUTH OF TODAY, voire même chez EXODUS, mais lorsqu’ils se posent sur une structure plus Thrash comme celle de « Consagrado pela Morte », qui n’est pas sans rappeler le SEPULTURA qui reprend ses classiques, ils se montrent d’une efficacité redoutable et d’une portée conséquente.

Tout est donc en place sur Sem Concessoes et frappe sans discontinuer. Si vous attendiez un break ou une pause pour reprendre vos esprits, vous en serez pour vos frais, puisque les brésiliens savent pertinemment qu’il faut foncer sans ralentir le rythme pour frapper fort, et si les morceaux sont d’une durée raisonnable, ils contiennent suffisamment d’idées pour s’imposer, et de changements pour ne pas lasser. Lorsque la machine ralentit les tours, nous avons droit à des démonstrations de force aplatissantes (« João do Cão », vilain comme un pitbull affamé et vraiment pas content), et de temps à autres, le quatuor (complété de Paulo Mariz à la batterie) fait preuve de plus de finesse dans la véhémence en lâchant un titre de plus de cinq minutes, qui honore l’influence SABBATH déjà nommée pour la confronter à une ambiance Death assez inquiétante sur « A Voz Que Você Calou ». Très professionnel, le quatuor connait son bréviaire par cœur, et s’emballe de sa propre ire sur certains morceaux qui cavalent Thrash bon train, à l’image de l’infernal massacre « Integridade Duvidosa ».

Avec quelques participations extérieures fameuses, les TOSCO font jouer leur carnet d‘adresse et accueillent quelques invités, dont Luiz Carlos Louzada (CHEMICAL DISASTER, VULCAN) et Luciano Piantonni sur le radical « Hater », qui dénonce les abrutis du Net qui condamnent sans savoir et qui trollent les statuts comme les parasites qu’ils sont. Du bon boulot donc de la part des brésiliens, qui ont soigné ce premier LP aux petits oignons, lui offrant la diversité dont il avait besoin, sans jamais perdre en intensité et en violence. On apprécie particulièrement ces inserts purement Thrash qui cavalent comme du SLAYER agressif des années 90 (« Dois Psicopatas »), et ces citations sorties du contexte classique pour adopter les rondeurs du Crossover. Un groupe à suivre, en autoproduction, qui a les armes pour se faire repérer par un label et mener une carrière plus qu’honorable.     

                                                                                                

Titres de l’album:

01. Dia de Decisão

02. Legado de Merda

03. Consagrado pela Morte

04. João do Cão

05. A Voz Que Você Calou

06. Integridade Duvidosa

07. Quero Te Ver Bem (Mas Não Melhor Que Eu)

08. Lei do Silêncio

09. Treta Na Rede

10. Hater

11. Dois Psicopatas

12. Vale da Tragédia


Facebook officiel


par mortne2001 le 01/05/2021 à 18:21
78 %    192

Commentaires (0) | Ajouter un commentaire

pas de commentaire enregistré

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Test de nouvelle vidéo

grinder92 11/09/2020

Vidéos

From This Day Forward

mortne2001 10/09/2020

From the past

...And Justice For All

mortne2001 08/09/2020

From the past

Slayer + Megadeth 2011

RBD 05/09/2020

Live Report

Manifest Decimation

mortne2001 31/08/2020

From the past

Opeth 2006

RBD 29/08/2020

Live Report

Widespread Bloodshed/Love Runs Red

mortne2001 24/08/2020

From the past

PILORI / Interview

Baxter 18/08/2020

Interview

Dead can Dance 2013

RBD 15/08/2020

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
grinder92

Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)

16/09/2020, 22:12

grinder92

 

16/09/2020, 21:51

grinder92

16/09/2020, 21:49

grinder92

  Affichage des smileys

16/09/2020, 16:48

grinder92

 

16/09/2020, 15:51

grinder92

15/09/2020, 22:30

grinder92

15/09/2020, 22:06

grinder92

  

15/09/2020, 19:09

grinder92

 

15/09/2020, 18:39

grinder92

 

15/09/2020, 18:38

grinder92

Affichage de Smileys  

15/09/2020, 13:57

grinder92

test de fonctionnement

15/09/2020, 13:57

senior canardo

gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)

11/09/2020, 12:32

Humungus

Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???

11/09/2020, 10:59

Living Monstrosity

Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)

11/09/2020, 08:04

Humungus

Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...

11/09/2020, 07:25

RBD

Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)

10/09/2020, 21:27

Arioch91

Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)

10/09/2020, 11:22

Arioch91

J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)

10/09/2020, 11:18

Nubowsky

L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.

10/09/2020, 09:45