Everything Is Darker Than It Seems

Deep Down Bellow

03/03/2017

Autoproduction

Tout est plus sombre que ce qu’il n’y parait.

Why not, mais vu la tendance globale actuelle, et la météo qui se met au diapason, je ne vois pas comment faire plus sombre, à moins de descendre dans les entrailles de la terre, par une ouverture creusée dans un vieux cimetière de KobaridC’est pourtant le programme auquel nous convient les slovènes de DEEP DOWN BELLOW, qui effectivement, ont dû passer plus de temps que de raison dans les bas-fonds de l’humanité. Ils en ont extirpé des sons, tous plus graves les uns que les autres, histoire de coller aux principes d’un Sludge bourbeux et nauséeux, qui n’a pas pour autant oublié en route quelques principes bien groovy, permettant à leur musique d’échapper à une lourdeur insistante. Proposant depuis le mois de mars de l’année passée leur premier longue durée, ce quatuor (Matjaž Medveš: guitare/chant, Robert Medveš: batterie, Mitja Markič: basse et Izi: guitare) souhaite donc témoigner de sa Slovénie natale de l’engagement local en termes d’oppression instrumentale, et nous prodigue donc quelques conseils à l’égard d’une misanthropie pas si farouche que ça, bien que plombée par des préceptes Doom pas tellement engageants. La recette est d’usage, mais employée ici à dessein, et cet artwork sans ambiguïté qui orne de sa superbe une pochette qui se veut claire dans son message trace la tendance à suivre, la seule possible, celle d’un Sludge hautement énergique, qui utilise le Heavy pour rendre l’attaque plus ferme, mais qui n’abuse pas de ses travers pour s’enfermer dans un mutisme de créativité. Et sans chambouler l’ordre mondial déjà méchamment malmené, les DEEP DOWN BELLOW ont une jolie carte à jouer, et même plusieurs, via les sept pistes de son premier né.

Celui-ci est certainement né dans un cri, de ceux que pousse le leader/vocaliste Matjaž Medveš, au timbre rauque et gravissime comme un écho de crypte rebondissant sur des parois suintantes. Inutile de le cacher, ce genre d’album est déjà connu des fans du style, qui y retrouveront toutes les composantes d’un Sludge vraiment poisseux et compressé, mais suffisamment aéré pour ne pas lasser les premières minutes passées. On y trouve de quoi étancher notre soif atavique de sensations opprimées, de riffs imposés, et de rythmiques concassées, un peu dans une optique Death qui finalement ne prend jamais le pas sur les arguments, et qui rappelle le versant NOLA de la musique américaine du sud, sans ses accents bluesy ici substitués par des agressions contrôlées mais toujours dégueulées. L’ensemble ne manque toutefois pas d’une certaine finesse, et certains plans s’incrustent dans la mémoire comme des souvenirs pesants, rappelant même les infâmes CROWBAR par moments fugaces, diluant ces possibles influences dans un marigot de sang à la EYEHATEGOD, dans l’épidermique urgence de traiter la vie comme la putain qu’elle peut être. C’est donc très épais, enrobé dans une production énorme qui fait briller les graves et malmener les aigus, sans les brider, pour ne pas que le résultat frise la secousse mortelle. Et de fil en aiguille, de couplets en breaks, on se laisse entraîner par cette valse sans hésitation entre violence et corruption, dans une tentative de Crossover entre Sludge et Groove Metal, qui nous permet d’apprécier des segments aussi incandescents que l’introductif « T.L.O.M », fier comme un pieu planté dans un cœur, et droit comme un pèlerin sur la route de la rédemption. S’il est certain que les morceaux partagent bien des points communs, et que la ligne conductrice est claire comme les prophéties d’un devin, nous avons quand même le droit d’emprunter un chemin aux multiples aspérités, et à la marche assez embourbée, comme en témoigne l’étape corsée de « Slaves Of This World » qui de son riff pataud et gluant nous colle les talons à la terre souillée. Le groupe a quand même le mérite d’avoir concentré ses idées sur quelques minutes bien tassées, histoire de ne pas trop lasser, même si la rythmique hypnotique de « Demon Inside », couplée à ces mélodies perverses n’a pas besoin d’user d’artifices pour nous séduire.

Et entre des interventions en format modéré qui font preuve d’une puissance que bien des combos Death pourraient leur envier (« Corridors Of Self-Destruction »), ou d’autres au contraire si progressives qu’on a du mal à les ranger dans une case bien désignée (« Deep », celle-là, Phil Anselmo pourrait en cauchemarder), Everything Is Darker Than It Seems dépeint certes un monde à la lumière plus que tamisée, mais n’incarne pas le désespoir ultime qui était en droit de nous terrifier. Bien au contraire, ces déambulations graves et glauques ne manquent pas d’un certain panache, et se veulent même éclairantes par intermittence, de par cette volonté de ne pas réduire le rythme à un simple click de métronome, et de tailler les riffs dans le Metal le plus hot. Déhanché étudié, lourdeur dosée, ce premier LP des slovènes n’est certes pas amène, mais reste à cent lieues des lieux communs, et étudie le terrain avant de le fouler de son pas lourd mais certain. Un exercice de style Sludge au balancement envoutant, pour une litanie en forme de fin de non-recevoir d’impératifs rébarbatifs, pour une mise en jambes qui en dit long sur le potentiel de ces félons, qui refusent de se voir cantonnés au simple rang de figuration. Un truc à écouter lorsque la pluie bat le pavé, la mine triste mais engagée, et le verbe haut et fort, comme pour annoncer une transition de la résignation à l’action, dans un monde qui décidément, n’arrive plus à nous mentir de ses illusions.


Titres de l'album:

  1. T.l.o.m
  2. Slaves of This World
  3. Everything Is Darker Than It Seems
  4. Demon Inside
  5. Trapped in Trance
  6. Corridors of Self-Destruction
  7. Deep

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 01/02/2018 à 14:23
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