Voici donc un retour qui fera plaisir à tous les Death addicts de la planète, aux fossoyeurs de mélodies, aux embaumeurs de l’espoir et à tous les allergiques à la joie de vivre, puisque de Norvège nous parviennent déjà les échos du prochain album des bouchers locaux de BLOOD RED THRONE. Avec un nom à faire pâlir tous les afficionados Metalcore ou Post Hardcore de l’univers, ce quintet à la réputation sans tâche prône depuis ses débuts une sorte de retour aux sources coulant vers l’avenir, et sort au mois de septembre son neuvième album, témoin d’une carrière bien remplie. Fondé à l’origine par Daniel « Død » Olaisen (SATYRICON) et Terje Vik « Tchort » Schei (GREEN CARNATION, l’un des premiers groupes de Death de Norvège) pour satisfaire leurs pulsions les plus morbides et leur passion d’un Metal de la mort froid comme un cadavre, BLOOD RED THRONE a ensuite évolué pour passer du statut de plaisir coupable à celui de référence, et c’est plus de vingt ans après sa naissance que le groupe remanié nous offre la primeur de son travail via le label voisin Mighty Music, pas forcément habitué à l’extrême, mais toujours à l’affût d’une bonne affaire. Fit To Kill et son titre sans ambages nous permet donc de retrouver un groupe affûté, prêt à en découdre, et certain d’avoir retrouvé l’allant roots de ses jeunes années. Trois ans après Union of Flesh and Machine, ce nouveau chapitre effectue selon ses concepteurs un saut dans le temps, pour nous ramener à l’orée des années 2000, lorsque Død et Tchort taillaient encore leur route en première partie de valeurs notables.
Assez disert sur sa nouvelle création, Død se plaît à voir en cette nouvelle abomination l’album le plus old-school de sa carrière depuis Affiliated with the Suffering en 2003. Et ça n’est certainement pas Freddy Bolsø, le cogneur d’origine de retour depuis 2015 qui va le contredire, lui justement qui n’a jamais frappé aussi fort et aussi inspiré. Niveau inspiration justement, pas de crainte à avoir, les norvégiens n’ont pas vraiment changé leur fusil d’épaule, et se complaisent toujours dans ce mélange entre le Death scandinave des années 90 et son inspiration américaine principale de la décennie précédente, pour évoquer avec autant de flair ENTOMBED, UNLEASHED, que CANNIBAL CORPSE ou SUFFOCATION, mais aussi VADER ou DECAPITATED, faisant valser le tout dans un pas de deux assez chassé. Friands de morceaux qui prennent le temps de se développer, les cinq musiciens (Død - guitare, Yngve "Bolt" Christiansen - chant, Stian Gundersen - basse,
Ivan « Meathook » Gujić - guitare et Freddy Bolsø - batterie) n’ont donc pas hésité une fois encore à laisser la montre égrener ses minutes, parfois un peu exagérément dans le cas de « Deal it or Die », qui empiète allègrement sur les huit minutes. Se basant sur l’expérience d’un parcours qui leur a permis de tourner en tête d’affiche, mais aussi de soutenir des icônes de la trempe de DIMMU BORGIR, ENSLAVED, SUFFOCATION, CRYPTOPSY et quelques autres, les BLOOD RED THRONE se contentent donc aujourd’hui de panacher leurs méthodes pour tenter d’approcher la perfection dans un genre qui ne supporte que très peu l’approximation.
Toujours basé sur un maximum de riffs, tantôt abrasifs, parfois mélodiques, le Death des norvégiens n’a rien perdu de sa pertinence, eut égard à l’implication des membres du groupe mais aussi à l’ingéniosité des compositeurs, qui n’hésitent jamais à agrémenter leur densité d’une dose d’étrangeté, via des climats délétères symptomatiques du mouvement scandinave des nineties. Après tout, Død en a largement assez sous les bottes pour savoir où il va, et les neuf morceaux de cette neuvième réalisation sont autant de preuves à ajouter au dossier à charge de son talent. Nimbé dans une production profonde mais au voile fin et sec, Fit To Kill est un festival de violence apprivoisée, et restituée avec filtre, mais sans dénaturation de puissance. Emballé dans une sublime pochette à l’artwork signé Giannis Nakos, ce neuvième pamphlet semble en effet retrouver l’allant d’un début de carrière qui se voulait sur les chapeaux de roue, et du haut de ses six minutes, « Requiem Mass » nous accueille sans prendre le temps de laisser la politesse à une éventuelle intro. Les guitares n’ont en effet pas le temps de traîner pour imposer leur point de vue, et nous embrassent d’une ambiance à la CARCASS/ENTOMBED, grave et solennelle, avant que la rythmique ne se mette en place et que les inflexions vocales gravissimes de Bolt ne nous prennent aux tympans. Rythme qui module, mais qui aime placer à intervalles réguliers des accélérations fantasques, changement de grain vocal, et duo de guitares qui se souviennent des hivers rigoureux du grand nord du début des années 90, pour un trip nostalgique en immersion qui ne refuse pas les conditions de son époque.
Sans savoir si ce Fit To Kill est le plus old-school de la carrière des BLOOD RED THRONE, il n’en est pas forcément le meilleur non plus. Efficace autant qu’une assemblée de vieux briscards et de jeunes loups peut l’être, ce neuvième tome étonne de son énergie, mais n’évite pas non plus les plans un peu glauques et les temporisations évitables. Ainsi, « Killing Machine pt.2 », occupant la place délicate de troisième morceau censé assommer, lasse de sa redondance et de son riff qui s’éternise, et parfois, l’inspiration se répète d’une intervention à l’autre, créant un écho agaçant pour les oreilles. En choisissant de se focaliser sur les aspects les plus brutaux du Death US, les norvégiens font parfois quelques erreurs, mais lorsque leur vraie nature nordique reprend le dessus, le carnage est total et le massacre intégral (« WhoreZone »). Les plus psychopathes et les arpenteurs de morgues se dirigeront évidemment vers les titres les plus radicaux, mais ceux dont la pathologie est plus vicieuse reconnaîtront que le long et traumatique « Deal it or Die » reste l’achèvement d’un groupe qui n’a pas oublié qu’avant de jouer et pilonner il faut composer, et jouiront post-mortem de cette évolution en crescendo d’horreur qui ne ménage ni les effets, ni les idées. Mais avec un bel équilibre trouvé entre passé et avenir, ce Fit To Kill reste une belle affaire de famille sanglante qui n’a pas l’intention de calmer ses ardeurs glacées. Un exercice de style réussi, et un bon moyen de se rappeler que BLOOD RED THRONE a toujours été l’un des acteurs de série B les plus efficaces de son créneau.
Titres de l’album :
1. Requiem Mass
2. Bloodity
3. Killing Machine pt.2
4. WhoreZone
5. Skyggemannen
6. InStructed InSanity
7. Movement of the Parasites
8. Deal it or Die
9. End
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45