Mass Produced Perfection

Typhus

25/09/2020

Punishment 18 Records

Après dix ans passés sous la bannière NUCLEAR TERROR, et n’ayant publié qu’un seul EP, les grecs d’Athènes ont décidé de se rebaptiser TYPHUS, en espérant qu’ils ne nous le refilent pas par accident. Avec des noms pareils, vous devez déjà avoir compris à qui vous avez affaire, mais la situation est plus complexe qu’elle n’en a l’air. Certes j’ai eu le même réflexe que vous, en collant à nos amis du jour l’étiquette Thrash sur le dossard, mais ces musiciens sont un peu plus que de simples brutes avides de SLAYER et de sang, et s’épanouissent dans un Crossover furieux mais élégant qui n’est pas sans rappeler le début de parcours des TOXIK, en un peu moins technique. (Re)formé en 2019, ce quatuor sympathique (Kostas Korg - basse/chant, Kostas Foukarakis & Socrates Alexiou - guitares et Dimitris Ginis - batterie) nous propose donc la primeur de son premier LP via les esthètes de Punishment 18 Records, qui prouvent qu’ils n’ont pas perdu leur flair pour renifler une pépite old-school qui traîne sous les cailloux. Et sans révolutionner un créneau déjà surchargé, les hellènes proposent une version plus qu’honnête d’un Speed/Thrash vitaminé, chantant, gai comme un pince-con, qui certes ne lésine pas sur les BPM mais qui reste quand même compréhensible par les noob. Du Metal surchauffé, à blanc évidemment, et qui durant trente-six minutes lacère les oreilles avec une précision chirurgicale, en nous rappelant les meilleures opérations des mid eighties. On sent donc du EXCITER là-dedans, mais aussi du EXODUS période Baloff, du TOXIK donc, un peu d’ARTILLERY sans parler de la vague moderne des LANCER, STEELWING et consorts.

Mais il est clair que les grecs ont ce petit quelque chose qui leur donne de l’avance sur leurs confrères. D’une, leur son. Très sec, efficace, laissant la basse claquer comme un fouet sur un basset et apportant une petite touche NYHC, ne permettant pas à la batterie de bouffer tout l’espace, tout en autorisant les guitares à lacérer comme des machettes bien aiguisées. Enregistré et produit au D Studio de Michael Karpathiou (EXARSIS, DØDSFERD), et flanqué d’une superbe pochette signée de l’artiste Pär Olofsson (IMMOLATION, ABORTED, CANNABIS CORPSE, ABYSMAL DAWN, CULT OF LUNA, MALEVOLENT CREATION, UNLEASHED), Mass Produced Perfection est donc à la hauteur de son titre, et ne contient qu’un seul écueil, mais de taille. En effet, la voix très particulière de Kostas Korg pourra irriter les oreilles les plus sensibles et souffrant des timbres suraigus à la Sean Killian (VIO-LENCE), Berti Majdan (GRAVESTONE) et autres Mike Sanders (TOXIK), et ses envolées lyriques risquent de gâcher le plaisir des amateurs de violence plus rude et moins ciselée. Ceux qui au contraire trouveront ses inflexions parfaitement en place prendront un plaisir fabuleux à l’écoute de ce premier album qui n’est rien de moins qu’un petit miracle en soi, parvenant à recréer l’euphorie de la vague Speed/Thrash magique des eighties, à tout point de vue. Le son, les compositions, l’interprétation semblent en effet émerger d’un passé lointain ou chaque sortie était fêtée comme il se doit, et en à peine trente-six minutes, les grecs de TYPHUS se posent en futurs leaders de la scène, non sans avoir mérité leur place en ramant pendant des années.

Mais faites-vous votre propre avis en posant vos esgourdes sur le radical et progressif « In Our Image, After Our Likeness », qui ressemble à s’y méprendre à un mélange d’early BELIEVER et du World Circus de TOXIK, puisque à cette occasion, les athéniens atteignirent la perfection en matière de Speed/Thrash évolutif et intelligent. Avec en sus une paire de guitaristes aussi capables en riff qu’en solo, le quatuor domine son sujet et nous renvoie dans le temps en 1988, lorsque le style s’était suffisamment affiné pour frôler la perfection. Mais « Serpents of an Aberrant Reality » met les choses au point après une courte intro ambiancée, et autant dire que Kostas Korg ne retient ni ses cordes vocales ni celles de sa basse, s’affirmant comme le frontman définitif de la vague Néo-Speed des années 2010. Le bassiste/chanteur est sans aucun doute l’un des meilleurs dans son domaine, et rappelle l’abatage conjoint de Dan Beehler et Dan Lilker, sans exagération aucune, et offre aux morceaux une épaisseur lyrique conséquente. De son côté, Dimitris Ginis ne chôme pas et fait tourner ses deux pédales comme une centrale nucléaire, se posant à l’occasion de breaks plus calmes qui lui permettent de mettre en avant son talent.  Tout est donc méchamment en place et puissant, et lorsque les soli déboulent, on retrouve la flamboyance de Josh Christian et ses interventions divines sur le séminal Think This. Ambiance survoltée, morceaux blindés, les idées ne manquent pas, mais c’est l’euphorie globale qui convainc le plus et le confine à une hystérie totalement maitrisée qui manque à la plupart des acteurs du créneau.

« Dyatlov Pass » essaie et parvient à récréer ce triste épisode qui se solda par la mort de neuf skieurs/randonneurs dans le nord de l'Oural de son Speed technique et échevelé, réussissant même par instants à retrouver l’impulsion sauvage du premier VIO-LENCE (et Kostas Korg qui s’en donne donc une fois encore à pleins poumons). Et plus l’album avance, multipliant ses ambiances, variant son tempo et ses riffs, plus on se rend compte que les TYPHUS font partie de cette caste rares d’admirateurs nostalgiques ne se contentant pas de quelques idées d’époque à peine réchauffées. S’il faut convenir du caractère classique de l’agencement de ce premier LP et de son contenu, le rendu est d’une telle énergie (cette gueulante sur « Terrorzone » est juste fantastique et renvoie le grand Rob dans les cordes), et l’intensité telle qu’on en oublie que tous les plans ou presque peuvent être retrouvés sur des albums d’époque. Et si ma plume vous est familière, vous saurez aussi qu’elle ne s’enflamme pas pour n’importe quel combo old-school sorti de nulle part, et qu’elle se montre au contraire très critique envers les musiciens piochant dans le répertoire Speed et Thrash classique. Ce qui fait donc de Mass Produced Perfection mon nouveau premier album favori de l’année, plaçant les grecs sur l’orbite autour duquel ils n’ont certainement pas fini de graviter. Un disque époustouflant, et qui redonne un maximum d’allant.   

                                                                                                                                                                                  

Titres de l’album:

01. Serpents of an Aberrant Reality

02. Dyatlov Pass

03. Terrorzone

04. Krieg-Sanity

05. In Our Image, After Our Likeness

06. Assimilate

07. Asylum of Deviants

08. Pride Breaker

09. Faith Machinery


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par mortne2001 le 25/09/2020 à 18:05
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