Ruins

Panzer Squad

31/08/2018

Testimony Records

Regardez bien la pochette de cet album, car elle s’incarne en avertissement. Ce champ de ruines fumant qui sombre dans des couleurs chaudes n’est rien de moins qu’une transposition picturale de l’incendie qui détruira vos conduits auditifs une fois la dite rondelle ingurgitée. Et pour une fois, le titre, sa représentation graphique ne sont pas mensongers, puisque la deuxième production professionnelle des truands de PANZER SQUAD n’est rien de moins qu’une charge de chars d’assauts formés à tout écraser sur leur passage, y compris la santé mentale de leurs fans. On le sait, c’est devenu un dogme, le Thrash allemand a toujours été l’un des plus féroces du circuit, et ces pourfendeurs de médiocrité le prouvent, en l’amplifiant d’une petite touche sud-américaine un peu Black qui ne fait qu’accentuer la démence générale. Ici, c’est la brutalité, la sauvagerie, la férocité qui règnent en maîtresses valeurs, et inutile d’attendre la moindre pitié musicale de la part d’un groupe qui a depuis longtemps vendu son âme à son propre patrimoine brutal. Fondé du côté d’Osnabrück, PANZER SQUAD est donc un trio sans foie ni oie (Tobi - chant/guitare, Svenni - basse et Henni - batterie), actif depuis 2012, et déjà responsable d’une démo, de deux splits en compagnie des CxTxD et DISCLAIM, et d’un premier LP en format tape, Coming To Your Town, publié en guise d’avertissement de liesse il y a deux ans. Autant dire qu’ils connaissent leur boulot, mais aussi leur patrimoine national. Mais le point fort de cette petite horde de huns from Germany est justement de ne pas se contenter de répéter les recettes de leurs aînés, comme de petits sots appliqués, mais de les dynamiser d’une grosse touche de Hardcore, de D-Beat, de BM, pour rendre le mélange encore plus corrosif et nocif pour l’organisme.

Autant le dire, Ruins est une boucherie totale à rendre le SODOM de 1985 fou de rage. En piquant à leurs modèles leurs idées les plus néfastes, pour les diaboliser de théories chères aux SEPULTURA de début de carrière, de modus operandi occulte et sombre à la BULLDOZER de la fin des années 80, et en emballant le tout dans une rage purement Black presque incontrôlée, le trio allemand signe le disque le plus dément de cette morne rentrée, et nous bouscule de ses rythmiques en hiver nucléaire et de ses riffs d’enfer. Sans chercher la petite bête, mais en écrasant la grosse, ils toisent de leur morgue bon nombre d’adeptes du Thrash old-school en leur prouvant que l’Allemagne est toujours reine sur son propre terrain de jeu, et distillent en quarante minutes une bombe à fragmentation qui explose vos tympans comme la détonation d’une bombe H en plein local de répétition des MUTILATOR. Orgie sonore sans limites, ce deuxième pamphlet est d’un professionnalisme sauvage à toute épreuve, mais ne se limite pas à monter dans les tours sans réfléchir pour bâcler une longue litanie de violence. Ruptures, accélérations, segments Heavy comme le Metal, et au final, cette œuvre d’horreur, puisque c’en est une se hisse dans le haut du panier de son énergie et de son culot.

Difficile d’ailleurs d’illustrer ce discours musical par des mots pertinents, tant la puissance et la démence qui s’en dégagent se passent de commentaires. En adaptant des rythmiques que les PROTECTOR avaient popularisées en leur temps, puis en les caviardant de riffs digne du meilleur de DEATHROW/ACCUSER, saupoudrant le tout d’un chant maléfique typiquement sud-américain, les trois germains nous délivrent un LP parfait de bout en bout, capable de faire la nique au Morbid Vision de qui vous savez, tout en taquinant la susceptibilité de la vague noire nordique de l’orée des années 90. Thrash un peu Black, mais pas Black Thrash, les PANZER SQUAD tiennent à leur distinction, et l’accentuent de touches de « finesse » qui permettent à la basse de vrombir comme un quadrimoteur en torpille, ou à la guitare de tronçonner à loisir. Ainsi, les implacables « Shut In », et « Escapist », mixent les influences et nous déroulent le tapis rouge sang, alors que la souplesse D-beat de « Victims of War » aurait de quoi provoquer un grand écart facial de la part des DISCHARGE et des URSUT. Capables et doués dans tous les domaines de vilénie, les trois instrumentistes s’en donnent à cœur joie, et tissent parfois des ambiances nauséabondes et glauques, à l’instar de celle de « Delusionist », qui bricole une intro bien dark pour mieux nous étriper pendant quatre minutes. Notons d’ailleurs la sobriété du trio qui préfère tasser plutôt que d’étaler, et rester dans les balises d’un Furious Thrash efficace, mais pas redondant pour rien. Même lorsque le timing se déploie sur plus de quatre minutes, les idées sont bien présentes, et « Approaching The Sun » d’avancer les arguments de ses principes.

Alors certes, ça carbure à la nitro, certes ça vomit ses psaumes sans nous regarder de haut, mais la qualité est bien là, et la variété dans l’agression bien patente. Difficile de faire la gueule en se prenant un jus multivitaminé comme « Zombie Shot », qui nous la joue FPS avec gâchette facile et munitions à volonté, se lâchant même lors d’une tempête de blasts absolument probante. Mais PANZER SQUAD, c’est comme le cochon, tout est bon, sans qu’on nous prenne pour des gorets incapables de manger proprement. Les breaks sont millimétrés, sans nuire à la folie de l’ensemble, les soli torchés comme à l’époque, les passages Grind en chausse-pied tout sauf incongrus, et les citations dans le texte parfois imprévues. Un cocktail qui se déguste à peine tiré du tonneau, qui reste en bouche, enivre, mais ne laisse pas K.O, histoire de bien piger ce qui nous arrive. De là, entre un « Extinction » qui fait chuter le fameux « Delirium Tremens » de PROTECTOR de son piédestal d’entrée en matière la plus crade et bourrine de tous les temps, un « Death Toll » qui enfonce le clou et les pièces dans vos paupières, un « Sewer Rat » saucissonné et syncopé comme un hit de TANKARD revu et corrigé par les NECROPHAGIA, et…tout le reste, le compte est bon, et le vôtre surtout. Une bonne grosse mandale à la mauvaise humeur, et à la mauvaise foi qui prétend que tous les albums de Thrash vintage de ces dix dernières années se ressemblent. Ici, on s’assemble, mais on fait la différence, et on assume indirectement le statut de nouvelle valeur sûre à suivre de très près. Notez donc le nom des PANZER SQUAD sur vos tablettes, car leur carrière est loin d’être finie. Un groupe à voir absolument in town, et qui redonne ses lettres d’ignominie à un style qui commençait à devenir trop poli.   

      

Titres de l'album :

                         1. Extinction

                         2. Death Toll

                         3. Escapist

                         4. Sewer Rat

                         5. Societal Funeral

                         6. Singular Purpose

                         7. Shut in

                         8. Victims of War

                         9. Delusionist

                         10. Approaching the End

                         11. Zombie Shot

                         12. After the Bombs

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par mortne2001 le 24/09/2018 à 17:18
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