The Turning Point

Landfall

04/09/2020

Frontiers Records

Nouvelle signature pour le label italien Frontiers, mais pas des moindres. Pas question ici de supergroupe cosmopolite, pas question d’une association d’anciens combattants, mais bien une entité à part entière, et surtout, la rencontre d’un chanteur fabuleux et d’un groupe talentueux, bien loin de la Scandinavie, mais pas si éloigné que ça des Etats-Unis. C’est au Brésil que Serafino est allé chercher ses nouveaux poulains, qui fêtent avec cet album une nouvelle orientation et un nouveau line-up. LANDFALL est donc un nouveau combo dans les faits, bien que ses musiciens se connaissent depuis fort longtemps et jouent ensemble depuis leurs quinze ans. Plus précisément, LANDFALL est le résultat de l’addition de W.I.L.D et de Gui Oliver, ancien chanteur d’AURAS, d’un trio et d’un vocaliste, qui dès leur rencontre ont compris qu’ils pouvaient produire une musique extraordinaire sans renier leurs croyances les plus fondamentales. Tout remonte à l’époque lointaine où le batteur Felipe Souzza et le guitariste Marcelo Gelbcke jouaient ensemble à l’heure du lycée, avant d’être rejoints par le bassiste Thiago Forbeci, qui ramena ses propres influences. Une fois constitué et solide, le groupe commença à écrire son propre répertoire, enregistra quelques albums qui lui permirent de jouer en compagnie de Glenn Hughes ou Mike Vescera, au Brésil et en périphérie. Ce sont donc des musiciens rodés qui ont accueilli en leur sein ce chanteur extraordinaire qu’est Gui Oliver, dont le timbre n’est pas sans rappeler un Steve Perry plus posé et neutre, mais dont le talent est presque aussi étendu. Et avec de telles références, il n’est pas étonnant que The Turning Point se pose comme l’album de Hard mélodique de cette rentrée, pas si éloigné du JOURNEY contemporain qu’on aurait pu le penser.  

La comparaison est évidemment osée, puisque les LANDFALL n’en sont encore qu’à l’orée de leur carrière commune, mais autant avouer que leur premier album a vraiment un parfum JOURNEY 70’s très prononcé. On le remarque sur le tubesque « Jane’s Carousel », qui en accumulant les figures imposées fait déjà figure de classique, mais réduire les brésiliens à une simple doublure du géant américain serait très injuste. Avec un morceau de la fougue de « Rush Hour », le quatuor prouve qu’il en a sous le talon, et qu’il ne compte pas se reposer uniquement sur des mélodies faciles et éprouvées. Archétype de l’entame explosive, assez proche de ce que Glenn Hughes a pu faire en solo ou en compagnie de Pat Thrall, ce titre dynamité est symptomatique du Crossover proposé par les originaires de Curitiba. Le combo a en effet la gnaque des ensembles qui continuent leur carrière sous de nouveaux auspices, et qui ont encore beaucoup de choses à prouver. On sent des réminiscences du DEEP PURPLE de David Coverdale, mais aussi de la puissance eighties des BONFIRE. Un mélange pour le moins intéressant qui fait la jonction entre deux décennies, sans adopter les sons trop connotés qui y sont rattachés. La voix de Gui, lyrique, puissante et claire permet aux musiciens de composer à peu près tout ce qu’ils veulent, et si les soli se montrent dès le départ agressifs et pugnaces, la rythmique n’est pas en reste, et mouline avec conviction. Bien évidemment, le groupe sait qu’il faut agencer son effort, et entame avec « No Way Out » la retombée de pression, sans glisser vers les travers de l’AOR le plus sirupeux. On se croirait en Amérique entre 1986 et 1988, dans une voiture dont l’autoradio diffuse le classique Raised on Radio de JOURNEY, mais la Pop est loin et le Hard domine les débats, malgré des chœurs assez caractéristiques du FM de ces années-là.

GOTTHARD, ECLIPSE, BRIGHTON ROCK, WHITESNAKE, tels sont les quelques noms qui viennent à l’esprit, et le mélange est parfait, mais pas aseptisé. Et si le quatuor garde une ligne de conduite de mesure en poursuivant avec le très modulé « Across the Street », les guitares n’acceptent aucune concession et refusent de se mettre trop en retrait, même si les nappes vocales occupent les premières places.  Mais ces arrangements de voix sont si beaux qu’on préfère les apprécier que les décrier, d’autant qu’ils constellent toutes les compositions de l’album. Et lorsque la première ballade nous caresse les oreilles, celles-ci sont déjà préparées à ce moment de tendresse, et « Don’t Come Easy » n’a plus qu’à dérouler sur un velours WINGER pour nous enchanter. Heureusement pour nous les brésiliens reviennent vite dans le giron de l’agressivité et du Hard Rock racé avec « Taxi Driver », qui sans atteindre la violence de son homonyme cinématographique, donne un coup de fouet à The Turning Point, sans négliger la chaleur d’un refrain harmonieux et contagieux. La production, évidemment parfaite, est allée chercher du côté des années 80 ses sonorités, et le LP dispose d’une approche plutôt sèche mais enrobée, qui évite les poncifs les plus éculés du romantisme musical. Les morceaux évitent aussi le côté générique des productions Frontiers, avec leurs graves trop en avant, ce qui permet aux titres les plus bouncy de rebondir sur des mélodies Pop très travaillées, pour faire figure de tubes imparables (« Distant Love »).

Beaucoup de classicisme donc, mais le meilleur. Toujours à la lisière du Heavy, LANDFALL ressuscite l’époque bénie des premières années FM, sourit BON JOVI pour mieux s’enthousiasmer JOURNEY, et nous délivre une prestation haut de gamme qui n’a rien à envier aux plus grandes pointures du genre. Alors en bon critique chafouin, on cherche le point faible, la facilité de trop, mais on craque sur « Roundabout » qui s’il n’est pas YES, n’est pas EUROPE non plus. Les esprits les plus pointilleux argueront du fait que les brésiliens empruntent quand même beaucoup d‘astuces à Steve Perry et sa bande, mais elles sont utilisées avec tant de talent qu’on excuse les emprunts les plus flagrants. Dérivant du Heavy le plus dru à l’AOR le moins cru, les brésiliens n’hésitent pas à nous proposer leur version d’un gospel Heavy avec « Hope Hill », clôturant leur aventure sur un dernier hit avec ce parfait et enjoué « Sound of the City ». Je conçois que le tout est encore très formel, que le culot manque, mais la perfection dont fait preuve ce premier album a de quoi laisser pantois, et ne reste plus qu’à apprécier un répertoire immaculé mais pas aseptisé, et loin de là. Belle association que celle unissant Gui Oliver et les anciens membres de W.I.L.D, et belle opération pour Frontiers, qui prouve s’il en était encore besoin son flair au moment de créer des amitiés artistiques valides et durables.              

                                                                                                                                                                                  

Titres de l’album:

01. Rush Hour

02. No Way Out

03. Jane’s Carousel

04. Across the Street

05. Don’t Come Easy

06. Taxi Driver

07. Distant Love

08. Roundabout

09. Road of Dreams

10. Hope Hill

11. Sound of the City


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par mortne2001 le 04/09/2020 à 17:04
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