The Grand Deception

Volt

26/03/2019

Autoproduction

Voici donc un album dont le titre contredit parfaitement les qualités intrinsèques. A l’image du Fabulous Disaster d’EXODUS qui peinait à en dissimuler l’épiphanie artistique, The Grand Deception des canadiens de VOLT est tout sauf une déception, mais bien la révélation de l’émergence d’un nouveau talent national. Fondé il y a quelques années dans le froid d’Alberta, à Fort McMurray, VOLT est un peu le type même du groupe qui n’a pas inventé la poudre, mais qui sait la faire parler mieux que quiconque. Se revendiquant d’une mouvance Death/Thrash, le groupe n’a pas choisi la facilité de catégorisation, mais délivre un message clair et sincère qui peut se résumer en une ligne de leur bio. Une poignée de gars qui veulent vous ravager la tronche. C’est certes un peu sommaire pour expliquer le succès de ce premier album, mais la philosophie en vaut une autre, et s’avère très crédible après avoir digéré les dix morceaux de ce premier effort. Pas grand-chose d’autre à vous dévoiler sur eux, leurs sites se montrant plus que discrets et la toile semblant les ignorer pour l’instant, mais en substance, cette mise en jambes a largement les atouts pour plaire aux fans d’un Death Metal soft et subtilement thrashisé, et aux accros au Thrash qui ne refusent pas un brin de puissance supplémentaire. Et d’ailleurs, pour résumer l’affaire, autant dire que The Grand Deception n’est rien de plus ni de moins qu’un excellent album de Metal extrême, puisant dans le passé ses sources d’inspiration, les remettant aux goûts du jour, et ne crachant pas sur l’adjonction d’une touche de Heavy classique pour signer des hymnes mémorisables. Loin de la précipitation, mais en gardant le cap sur l’agressivité, les canadiens signent donc une pelletée d’hymnes qui s’incrustent dans la mémoire, à cheval entre l’approche nouvelle des nineties, et l’optique cruelle de la fin de la décennie précédente.

En variant les tempi, et en permettant aux guitares de s’exprimer sans filet, les deux concepteurs de cette œuvre peuvent se réjouir d’échapper à la marque du temps, leur travail semblant flotter sur un nuage au-dessus des modes. Shea Pelletier (guitare/chœurs) et James Poitras (basse/chœurs) ont donc eu raison de se laisser aller, et de composer sans se demander si le public allait adhérer, et les deux cerveaux ont su s’entourer des bons larrons pour préparer leur foire. On retrouve donc outre le tandem, Glen Miller à la batterie, Mat Cote à la guitare et Ryan Mustard au chant, pour quarante minutes de classicisme transcendé, qui dès l’ouverture « The Unseen » ne fait pas grand cas de ses inclinaisons. Grosse caisse qui thumpe, lick redondant et cyclique qui nous amadoue, pour une soudaine explosion de puissance Hard n’Heavy de première catégorie, rappelant les efforts les plus remarquables des groupes de série B de la période 89/91. Le tout est emballé dans des saccades bien pesées, enrobé dans une production sobre mais équilibrée, et se montre aussi convaincant que le CARCASS de la période Heartwork/Swansong reprenant à son compte quelques délires Black N’Roll suédois des mid nineties. Mais pas question de BM ici, juste de Metal intrépide et martial, qui répond à des critères de qualités élevés, se rapprochant même d’un trip nostalgique à la AT THE GATES retourné dans sa chambre d’adolescent, tapissée de posters de SLAYER et METAL CHURCH.

Et en termes d’accroches à la limite du gimmick, les canadiens de VOLT en connaissent un rayon, eux qui sont capables de nous torcher un hit cruel et jumpy de la trempe de « Thrashocalypse », que MUNICIPAL WASTE aurait pu signer en hommage à Jeff Walker. En version up tempo, le quintet est incroyablement performant, ses mélodies sobres et ses saccades au biseau rappelant même les WARBRINGER en version moins démonstrative, mais en deux morceaux seulement, le groupe convainc, et donne méchamment envie d’en savoir plus. Certain d’être tombé sur un album qui a un peu plus à dire que dix litanies à répéter ad nauseam, l’auditeur laisse les chansons faire leur effet, et se laisse enivrer par l’esprit conquérant de « Malicious Communion », aux cassures de rythmiques finaudes, et par la lourdeur oppressante de « Serene Deletion », à l’intro de cordes aussi surprenantes que le chant soudainement clair de Ryan Mustard. Riff à la ALICE IN CHAINS pas content d’avoir perdu les clés de son cadenas, duo basse/batterie tout en emphase, pour une relecture des canons Death/Thrash d’il y a vingt ans. Sans jamais chercher à provoquer une originalité qu’ils n’ont pas les moyens de défier, les cinq compères du froid avancent dans la neige pour se rapprocher d’un soleil artistique, et mélangent allègrement les codes du Hard Rock, du Heavy Metal, du Thrash et du Death pour soigner aux petits oignons des thèmes qu’ils développent avec beaucoup d’efficience et de finesse. Certes, parfois, on se sent en terrain connu, mais chaque chapitre propose suffisamment d’inédit par rapport au précédent pour que la lassitude ne s’installe jamais, et les performances rythmiques de l’ensemble dont vraiment notables, tout comme leur flair pour trouver des plans catchy qui s’incrustent dans la mémoire. On se demande même si le sieur Mustaine ne leur aurait pas filé quelques tuyaux (« Collective Impudence »), tant l’ombre du MEGADETH contemporain plane sur l’ensemble…

Du punch et de l’envie, la gnaque, et cette volonté de toujours rebondir sur une digression porteuse, telles sont les qualités évidentes de cette première réalisation faisant preuve d’une maîtrise et d’une maturité étonnantes. Pas une minute ne se passe sans qu’on s’accroche à un riff ou à une percussion encore plus remarquable que les autres, et entre un « Speed & Mayhem » qui ne ment pas sur son contenu euphorique, et un « The Hall of the Northmen » plus posé mais toujours aussi empreint de formalisme nordique des nineties transposé dans un idiome anglais de la même époque, The Grand Deception confirme les bonnes impressions initiales sur la durée, et pourrait même incarner l’album que CARCASS aurait dû enregistrer à la suite du succès Heartwork. Pas de plagiat à craindre cependant, les canadiens étant beaucoup trop intelligents pour ça, et surtout, capables de moduler, de se travestir, de changer de direction sans virer de bord, et si de temps à autres, quelques plans semblent replacés par facilité, on excuse cette petite astuce en se raccrochant à la dizaine d’autres qui restent uniques. Certes, et histoire d’être tatillon, on aurait aimé que la machine s’emballe en BPM pour mériter la caution Thrash, le tempo restant la plupart du temps up ou mid, et la compression de la grosse caisse aurait mérité d’être allégée pour ne pas sonner si synthétique. Mais entre une paire de guitaristes qui n’ont pas oublié les tierces et harmonies dans leur poche, un vocaliste au timbre rauque et abrasif, et un tandem basse/batterie efficace et performant, le bilan est largement positif, considérant en sus que tout ceci n’est qu’un premier essai. VOLT, un groupe branché sur triphasé qui envoie la gégène, et qui vous fait trembler la colonne vertébrale de ses soubresauts électriques.      


Titres de l'album :

                          1.The Unseen

                          2.Thrashocalypse

                          3.Malicious Communion

                          4.Serene Deletion

                          5.Collective Impudence

                          6.Speed & Mayhem

                          7.The Hall of the Northmen

                          8.Hate Deserved

                          9.Tipping Point of Tyranny

                          10.The Crawling Chaos

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par mortne2001 le 04/08/2019 à 18:40
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