The New Batch

Vhs

11/05/2018

Horror Pain Gore Death Productions

Alors, si nous faisons un rapide bilan, le vinyle est revenu en force ces dernières années, en matière d’underground et d’extrême, la cassette s’échange toujours sous le manteau élimé, ne manque plus à ce constat qu’un retour en grâce qui pourrait rendre plus d’un collectionneur marteau. La question, bien qu’anecdotique se pose, et on se demande gentiment quand les rayons des revendeurs spécialisés ou non présenteront sur leurs têtes de gondole des VHS en lieu et place de ces maudits Blu-ray trop modernes pour être honnêtes. Certes, et tout le monde s’accordera à la dire, la bande magnétique est aux digital versatile discs ce que l’humour de Michel Lebb est à la comédie anglaise, un truc un peu honteux, pas pratique et surtout, un peu rustique, pas le genre de machin qu’on sort pour frimer. Personne n’a pu oublier à quel point ces satanées bandes étaient fragiles, et qu’il était pénible de devoir à chaque fois rembobiner le machin jusqu’au début. Pourtant, le charme délicieusement suranné de ce produit pas forcément regretté continue d’alimenter les fantasmes, et surtout, d’inspirer, puisque les canadiens de VHS en ont quand même fait leur patronyme et leur passion. Avec un seul LP à leur actif, en forme d’hommage à Screaming Mad George et ses maquillages vintage (Screaming Mad Gore, 2016), les originaires de Thunder Bay, Ontario ne peuvent s’enorgueillir d’une discographie touffue, bien que de nombreux splits, singles et EP jonchent leur carrière encore fraiche. Ce qui est tout aussi frais d’ailleurs, c’est leur second album, The New Batch, publié par les bons soins américains des esthètes d’Horror Pain Gore Death Productions qui ont senti le bon filon. Quel filon ? Celui de la nostalgie crétine et des films pourris dévorés en plein cœur de la nuit, accompagnés d’une musique tout aussi fétide, mais propice à tous les débordements jouissifs.

Non, les VHS ne sont pas Gore, enfin pas vraiment. Ils ne sont pas Grind non plus, comme pourraient le laisser croire ce tracklisting étendu et cette pochette détendue. Mais en empruntant aux Gremlins l‘accroche publicitaire de leur comeback, ce trio foutraque (Andy - batterie, Jimmy - basse et Mike - chant/guitare, tout pour incarner des losers/victimes interchangeables dans un Slasher bas de gamme) a su nous appâter pour nous nourrir après minuit non de cuisses de poulet, mais de tranches de Death à tendance Horror de très bon goût, malgré un arrière très prononcé d’extrême faisandé. Ici, le barbecue est du genre saignant, mais sait rester familial et bon enfant. En affichant des influences allant d’EXHUMED à NECROPHAGIA, en passant par IMPETIGO, GHOUL et FONDLECORPSE, les trois canadiens balisent le terrain, et attendent que leur virginale proie s’aventure un peu trop loin. En restant entre les barbelés balisant le terrain de leur premier LP, ils ont aussi joué la carte de la sécurité, carte qu’une production éminemment déficiente vient fausser de ses écarts de son très prononcés. On retrouve donc le plaisir des sons fatigués sur une bande un peu usée, trop rembobinée, et qui nous laissait parfois deviner plus qu’elle ne montrait. Pour autant, ce produit n’a rien d’un remplissage de bac à soldes pour public frivole, et fleure bon le délire entre amis qui manipulent les private jokes comme le Death qui choke. Qui choke, mais qui ne choque pas, puisque nos trois compères ont le bon goût de ne pas sombrer dans le mortifère, et de calquer les principes cartoon Gore typiquement US plutôt que les sombres histoires de fesses et de messes sanglantes à l’italienne. Ici, la violence reste graphique, mais typique. Pas d’exagération Gore à la CARCASS, SUBLIME CADAVERIC COMPOSITION et autres chantres de boyaux qui pendent, juste un Death qui flirte avec le Thrash tricard à la MACABRE, et ces histoires d’horreur peuvent donc se dévorer à toute heure, sans avoir peur que le mouflet se réveille de sa torpeur.

Alors, bien sûr, les maniaques de la perfection en seront pour leur compte. Les fans de putride stérile aussi, puisque les zigues n’hésitent pas à truffer leurs morceaux de samples au sang chaud comme à la grande époque de MORTICIAN. Ils n’hésitent pas non plus à se montrer sous leur vrai jour consanguin et bancal et passer pour une bande de bourrins à peine capables de jouer. D’ailleurs, on a parfois beaucoup de mal à discerner une rythmique indigne de ce nom sous ce maelstrom de sons, et si la guitare est effectivement distordue, la pédale en marche doit être branché sur de vieux accus, puisqu’elle peine à conférer un son puissant à ces six-cordes errant. Mais la perfection n’étant pas de ce monde, on s’amuse beaucoup en compagnie de nos amis canadiens, qui nous ont une fois encore brossé une galerie de portraits chafouins, honorant au passage les meilleurs figures de l’horreur (Fulci sur « Freudstein », et je laisse les autres à votre discrétion pour ne pas gâcher la surprise aux champions), tout en troussant de petits hymnes à la peur, mais pas celle qui vous empêche de fermer les yeux, celle qui vous fait trembler un petit peu. Aussi gaillard que paillard, The New Batch balance donc la purée de seize nouveaux hymnes à la gentille cruauté, et passe du coq étêté à l’âne équeuté, jouant la lourdeur d’un Death suintant de douleur (« Freudstein » justement, qui évoque si bien cette cave qui pue le vieux chien), ou le radicalisme d’un Grind plein de heurts (« Herbert West », une autre allusion finaude…). Quelques morceaux plus conséquents pour ne pas rentrer la queue entre les dents (« From the Scrapyard to the Graveyard », presque cinq minutes de boulot, chapeau), de savoureux clins d’œil sur fond de Crust/Death monté sur treuil (« If You Loved Me », MACABRE, forever…), et même des soli à faire rougir la voisine gironde et polie (« Don’t », on croit rêver), et le tableau de famille est donc complet, et prêt à être accroché.

Alors, si on ajoute à tout ça une pochette qui pète, et un enthousiasme que rien n’arrête, j’exige immédiatement une sortie du dernier VHS sur VHS. Je ne sais pas trop ce que j’en ferai, mais ça sera toujours plus joli qu’un Bruegels en canevas pour décorer.  

            

Titres de l’album:

                    1.Welcome To The New Batch

                    2.Gore Flicks

                    3.Growing Pains

                    4.Sand, Sun And Bloodshed

                    5.If You Loved Me

                    6.From The Scrapyard To The Graveyard

                    7.Wrestlemassacre

                    8.Garbage Day

                    9.Intermission (Snack Break)

                   10.Herbert West

                   11.Freudstein

                   12.Perfect Fit

                   13.Junkyard Dick Toss

                   14.Down The Drain

                   15.Don't

                   16.Until Next Time

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 11/06/2018 à 14:24
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