Beaucoup se demandent surement pourquoi je m’obstine à chroniquer des trucs qui ne dépassent même pas les cinq minutes, que personne ne connaît, et que peu de monde écoutera de toute façon. Je répondrai très justement que si je devais me contenter de l’obole versée par les gros indépendants et les majors, je m’ennuierai ferme devant si peu d’enthousiasme, que j’aime l’underground pour la liberté d’écoute qu’il offre, et que si, au cours des quarante dernières années, des passionnés comme moi ne s’étaient pas penchés sur des démos frisant les quelques minutes ou des simples radicaux, nous serions passé à côté d’un paquet de groupes essentiels.
Certes, je ne sais pas si mes hurleurs du matin passeront à la postérité, mais au moins, ils auront fait leur truc dans leur coin et j’aurais abordé leur cas.
Alors allons-y, une fois de plus la fleur au fusil et la détermination au bout du clavier.
Les EN NEGACION sont donc Argentins, viennent de Buenos Aires, existent depuis novembre 2014, sont quatre (Mosca – basse, Colo – batterie, Pincha et Sabri – voix), ont déjà proposé sur leur Bandcamp un bon paquet de sorties (une démo en 2015, des splits avec ESCAFISMO et DESTINO CRUEL, une compilation de sessions, et aussi un EP, Ennui, en juillet dernier).
J’aurais pu aborder le cas de leur dernière œuvre parue il y a quelques mois, qui durait quand même une bordée de minutes supplémentaires, mais actualité oblige, j’ai préféré me concentrer sur ce dernier EP qui certes, ne propose que quatre minutes d’idées, mais qui se montre essentiel dans son urgence, et résolument décalé dans sa conception de l’outrance.
Pas de guitare, juste une base rythmique très compacte et libre sur laquelle vient se greffer un duo de voix mixtes, pour un Powerviolence assez sombre et cru, mais terriblement attachant dans son désir de démarcation. Certes, la chose est abordée avec toute l’exubérance sud-américaine, qui trouve même des échos tangibles dans le groove étrange d’un morceau comme « Paranoïa », qui ne dépasse pas les dix secondes, mais qui ose un chaloupé tout à fait délicieux.
Le Power de ces Argentins est vraiment bizarre, et ressemble à une osmose involontaire entres les errances gravissimes des ZEUS, et le vieux Crust à tendance Grind anglais des années 80. C’est patent même si cet EP ne laisse pas vraiment le temps de proposer une analyse approfondie, mais le charme qui s’en dégage est manifeste. Aucun morceau n’atteignant la minute, il faut faire très vite pour en comprendre les tenants et aboutissants, mais à vrai dire, le produit en question étant basé sur une immédiateté indéniable, mieux vaut ressentir que décrire.
Le mariage des voix de Pincha et Sabri est séduisant dans sa folie complémentaire, et se marie très bien avec les tentatives rythmiques élastiques ou rigides de la base rythmique Mosca/Colo, qui n’hésite pas à tenter quelques acrobaties pour rendre l’écoute plus surprenante et imprévisible. Avec cette basse grave à la distorsion un peu sale, et cette batterie si mate, En Negacion aborde des sujets de société qui nous concernent tous, et la brièveté des interventions ne fait qu’accroitre ce sentiment d’urgence à changer les choses avant qu’il ne soit trop tard.
Le EP se décompose donc en dix segments, dont le plus long n’excède pas les trente-neuf secondes (« Decaimiento », alternance de blasts et de passages lourds, bousculé de cris viscéraux), et le plus court qui reste sous la barre des cinq (« Rabia Reprimida », sorte de « Dead » sud-américain).
Mais en fait peu importe le détail puisque c’est une sortie qui s’écoute d’un trait, et qui passe aussi vite qu’une bonne nouvelle dans le déroulé de catastrophes annoncées par un JT désabusé.
Une illustration de la violence instrumentale de l’Amérique du Sud, toujours aussi campée sur ses positions un peu radicales mais essentielles.
Et en tout cas, une autre façon d’appréhender le Core, sans guitare mais avec une ossature qui en permet justement l’occultation sans que le son ne s’en ressente.
Alors oui, j’aime ce genre de bidule qui ne dure que le temps d’un expresso avalé vite fait avant d’aller bosser. Parce que c’est épidermique, indispensable, et que l’underground vit à travers ce genre de groupes qui vont à l’essentiel sans rabâcher cinquante fois la même chose, et surtout, en y mettant toutes leurs tripes.
Et puis libre à vous de jouer En Negacion en boucle si vous le trouvez trop court. Sachez qu’il est disponible en tape via les services de Tachado Records et Where’s The Unity ?, blanche comme la neige et enregistrée sur une seule face.
C’est bientôt Noël, alors pensez-y.
Titres de l'album:
Du texte en grasDu texte en italiqueDu texte soulignédu texte barrédu texte en vertune liste d'item numérotée(...)
16/09/2020, 22:12
16/09/2020, 21:49
15/09/2020, 22:30
15/09/2020, 22:06
gros souvenirs, j'y avais emmené mon neveu de 7 ans et demi ! c'etait drole les regards partagés des gens entre "cool la relève" et "ce n'est pas un endroit approprié pour un enfant " lol. ce qui etait drole aussi le nombre de gens qui se sont barrés après slayer ...comme nous ;)
11/09/2020, 12:32
Novateur ? Je ne sais pas du tout ce que la "presse" en dit mais moi je le trouve très varié (y'a tout NAPALM là dedans !), pas mal de côtés GODFLESH aussi... Pis même un titre totalement KILLING JOKIEN ("Amoral"). Bref, j'adore !!! Album de l'année ???
11/09/2020, 10:59
Barney, toujours aussi intéressant en interview. Bon sang j'adore ce type !!! J'adore l'écart qu'il y a (toujours eu) entre l'aspect brutal de leur musique et le fond, l'esprit derrière tout ça. Quant au dernier album, j'ai bien envie de craquer aussi... Il est aussi "novateur(...)
11/09/2020, 08:04
Nubowsky + 1000000 !!! Le dernier album en date est juste EX-TRA-OR-DI-NAIRE !!! !!! !!! Il tourne en boucle chez moi en ce moment...
11/09/2020, 07:25
Bel effort qui illustre bien le retour en grâce dont bénéficie cet album depuis, disons, une douzaine d'années, et après être passé pour le plus faible dans l'opinion générale jusqu'à la sortie de "Load". Tout est dit ici dans les faits, qui sont au demeurant bien connus. Ce (...)
10/09/2020, 21:27
Sabaton, je n'y prête même plus attention. Pas ma came mais je respecte ceux qui aiment. Y a pas de mauvais Metal. - Le bon Metal, c'est quoi ? Bah tiens, tu prends ce disque là, tu le poses sur la platine, tu écoutes. Bah, c'est du bon Metal. Et le mauvais Metal ? Ah..(...)
10/09/2020, 11:22
J'ai bien aimé celle de David White (Heathen, chant). On sent que l'intérim des gratteux chez Exodus lui a bien cassé les couilles, tout comme le fait que Kragen Lum se soit pointé avec la totalité du nouvel album entièrement composé par lui et que White ne pouvait même pas y apporter ses te(...)
10/09/2020, 11:18
L’interview de Napalm est toujours aussi intéressante.. quelle conviction et quelle carrière exemplaire.
10/09/2020, 09:45